Viol dans les écoles à Goma : entre les élèves et les enseignants qui violent ?

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Les cas de viols sont fréquents dans les écoles à Goma, se mettent d’accord l’inspection provinciale de l’enseignement primaire et secondaire et les organisations féminines du Nord-Kivu. Toutes les deux parties sont déterminées à changer cette situation.

’’Un responsable (d’école à Goma) a dû engrosser sa fille de 8ème année. Vous comprendrez déjà que si ça peut aller vers les responsables d’écoles, qu’en sera-t-il des enseignants qui sont régulièrement avec les mêmes élèves ?’’, s’interroge Césaire Bashimbe inspecteur chef de pool urbain du secondaire à Goma.

Les élèves filles sont autant convoitées par leurs collègues garçons que par leurs enseignants, reconnaissent l’inspection de l’enseignement et les organisations féminines. Souvent, les filles se laissent aller faute d’être sensibilisées sur les violences sexuelles et basées sur le genre (VSGB), fait savoir Annie Pengele, coordonnatrice du réveil des femmes pour le développement intégré (RFDI).

Son ONG a organisé une formation de 3 jours jusque ce samedi, à l’intention des enseignants et des responsables d’établissements scolaires. Il était question de leur renforcement de capacités en matière de VSBG. ‘’La plupart des victimes qui viennent dans nos différentes cliniques juridiques ce sont des enfants, des élèves. Et quand on voit des élèves qui viennent pour le cas des violences sexuelles, on se dit qu’il y’a lieu d’accompagner les écoles à faire face à ce fléau’’, explique Nelly Lumbulumbu, coordonnatrice de Sauti ya Mama Mkongomani. Son ONG bénéficie avec le RFDI du fonds pour les femmes congolaises qui finance des activités de sensibilisations dans les écoles de 10 provinces de la république démocratique du Congo (RDC).

Les enseignants sont aussi parfois sans connaissance sur les VSBG et l’arsenal juridique qui les punit, selon Nelly Lumbulumbu. ’’Il ne s’agit pas que des élèves, il y’a aussi des enseignants qui ignorent la loi, peuvent se permettre de penser que quand on a une fille avec une masse donc elle est devenue votre femme, votre partenaire. Vous savez les enseignants, ils ont l’obligation de protéger les enfants. Quand un enfant arrive à l’école, l’école remplace directement les parents ! Et quand l’école prend la place des parents, l’école doit assumer sa responsabilité par rapport à la prévention et la protection des cas violences faites aux enfants ’’, fait-elle observer.

Que deviennent les enseignants formés ?

L’habillement sexy de certaines élèves filles dans les écoles constitue avec les points sexuellement transmissibles et l’ignorance des VSBG, les trois principaux facteurs des violences sexuelles dans les écoles à Goma. Valence Kavira, enseignante, souhaite que les sensibilisations soient multipliées dans les écoles. Des formations limitées à des groupes restreints d’enseignants ne suffiront pas, laisse-t-elle entendre. Elle souligne la nécessité d’étendre la sensibilisation jusqu’aux milieux ruraux.

Safari Butaka est chef d’établissement scolaire dans la commune de Karisimbi, à Goma. Son expérience montre que, et les enseignants et les élèves sont sources des VSBG dans les écoles. Toutefois, il faut protéger en particulier les élèves. La stratégie qu’il vient d’apprendre c’est la dénonciation des cas aux instances judiciaires. ‘’…La dénonciation et la protection, sans cela nous risquerons de former des enfants qui ne seront pas utiles dans la société de demain’’, craint-il.

Consciente de l’ampleur des violences sexuelles dans les écoles, l’inspection provinciale de l’enseignement primaire et secondaire a déjà son plan de riposte. ‘’Au niveau de notre système éducatif, nous avons des procédures. Nous ne pouvons pas aller directement sanctionner l’auteur, nous commençons d’abord par les enquêtes’’, affirme l’inspecteur Césaire Bashimbe.

Il dit avoir compris, à l’issue de la formation, que les hommes doivent protéger les femmes car l’ampleur des violences à leur égard est grande.

Frédéric Feruzi

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