En marge d’une formation sur les violences basées sur le genre (VBG) à l’intention des élèves filles, à Goma, ce lundi, quelques filles ont témoigné sur les violences qu’elles vivent silencieusement dans leurs écoles.
L’activité a lieu dans le cadre des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre (VBG) qui vont aboutir le 10 décembre 2020. Il s’agit d’une formation-sensibilisation des jeunes filles élèves qui sont les plus touchées par les VBG.
Les filles apprennent des notions élémentaires sur la protection et les droits de la femme, la protection de l’enfant et la lutte contre les violences sexuelles. Ce renforcement des capacités doit les outiller de sorte qu’elles soient capables de dénoncer les abus dont des élèves filles surtout sont victimes.
Cette formation intervient trois semaines après celle des enseignants, des directeurs d’écoles et des inspecteurs sur les VBG dans les écoles. Initiées par le réveil des femmes pour le développement intégré (RFDI), ces formations doivent arriver à limiter les VBG qui restent répandues dans les écoles au Nord-Kivu. Mais quoi qu’il en soit, pourquoi former les élèves filles uniquement ? ’’Si vous regardez les données qui sont parfois présentées par différentes structures…, vous allez voir que ce sont plus des femmes qui sont victimes des violences sexuelles. Et c’est comme ça que nous avons pensé que cette catégorie-là était pour nous une cible stratégique pour parler des violences sexuelles.’’, explique Nelly Lumbulumbu, formatrice et coordonatrice de l’organisation féminine ‘Sauti ya Mama Mkongomani’, basée au Nord-Kivu, dans l’Est de la R.D.Congo.
Les filles témoignent !
Cette formation qui leur permet de partager leurs expériences intimes avec des profs ou des collègues garçons, les filles l’accueillent bien. ‘’Nous élèves filles de notre temps, nous acceptons toutes sortes de trucs que nous proposent certains profs. Certaines de nous n’ont pas d’autres choix dès lors qu’elles ne réussissent pas le cours du prof’’, explique Zoé maboko, élève en 3ème secondaire. La demoiselle introduit toutefois un bémol :’’Quelques-unes se donnent aux profs par peur de leurs parents qui travaillent fort pour arriver à payer leurs frais scolaires. Elles ne veulent pas rapportent de mauvaises notes à la maison’’.
Asha Kasongo, élève dans une autre école secondaire, a vécu une autre expérience. Elle se dit consciente de nombreux cas des violences sexuelles qui touchent les filles au-delà même du milieu scolaire, mais le cas le plus récent qui l’a marqué c’est une violence physique qui a opposé un prof à une fille. ‘’Le professeur l’a tabassée, elle est tombée évanouie. Mais comme elle était sous informée (Par rapport aux VBG), il n’ya que la direction qui a dit au professeur qu’il allait la faire soigner, pourtant ce n’était pas ça la punition normale. Il fallait faire des amendes au prof et même l’emmener en prison, parce que c’est une violence aussi.’’
Après avoir écouté différents témoignages des filles durant la session de formation ce lundi, Annie Pengele, coordonatrice du RFDI et point focal à Goma du fonds pour la femme congolaise (FFC), en est venu à une conclusion. ‘’Les filles sont victimes des VBG à cause de l’ignorance. Les jeunes filles ne savent pas leurs droits, ce qui est violence, elles trouvent ça normal. Et à part ça, je pense que nos us et coutumes rétrogrades, ça nous suit partout où nous allons, et les jeunes filles ne sont pas épargnées’’.
Annie Pengele annonce que la formation sera étendue à plusieurs autres écoles, si cette phase n’a concerné que des élèves filles de 2 écoles secondaires. En effet, la formation va continuer à s’organiser sur les 3 prochaines années, à Goma.
Frédéric Feruzi
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