L’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) a tenu un café de presse ce vendredi pour discuter de l’état actuel du Parc National de Virunga, site du patrimoine mondial de l’UNESCO, en cette période de guerre et en vue des élections en République Démocratique du Congo.
Lors des échanges avec les journalistes locaux et internationaux, plusieurs questions ont été abordées concernant les incidents récents ayant affecté le travail des conservateurs de ce patrimoine naturel.
L’un des sujets discutés fut l’explosion d’une bombe sur la ligne haute tension de Virunga Erengie, qui alimente la ville de Goma. Cet incident s’est produit lors des affrontements entre le M23 et les groupes d’autodéfense locaux dans le territoire de Nyiragongo. Bien que la ligne ait été endommagée en six endroits, les équipes de réparation n’ont pas encore pu intervenir en raison de la situation tendue dans la zone. Cependant, grâce à un système intelligent, la ville de Goma et le territoire de Rutshuru ont basculé sur une moyenne tension pour maintenir l’électricité en attendant que la situation se stabilise. Les autorités ont appelé les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et les équipes de Virunga Energy à se déployer rapidement pour réparer la ligne.
Un autre incident préoccupant a été mentionné lors du café de presse, celui de l’abattage d’un éléphant à Katwiguru il y a quelques jours. Il a été rapporté que certains politiciens ont exploité cette situation pour des gains politiques et ont même incité les jeunes à détruire la clôture électronique qui empêchait les animaux de quitter leur habitat naturel. Bien que la clôture ait été réparée, les ivoires de l’éléphant abattu n’ont pas été retrouvés. L’ICCN a profité de l’occasion pour appeler la population à protéger les ressources naturelles et à ne pas tomber dans les manipulations et les actions négatives des politiciens pendant cette période électorale.
Dans le but d’améliorer la coordination des efforts de conservation, l’ICCN a annoncé la mise en place d’un cadre de concertation autour du Lac-Edouard. Ce cadre réunira les différents services étatiques travaillant dans la zone, tels que l’ICCN, les services de l’environnement, les services de la pêche et la force navale. L’objectif est de traiter toutes les questions liées à la pêche et aux activités autour du lac en concertation avec les communautés locales.
Concernant les besoins des populations riveraines du Parc National de Virunga, l’ICCN a rappelé que sa mission ne se limite pas à identifier ces besoins. Grâce à des partenariats public-privé, l’ICCN a déjà pu soutenir certaines communautés grâce aux fonds mobilisés par la Virunga Fondation. Cependant, certains villages ne bénéficient pas encore de ces financements, et pour remédier à cette situation, l’ICCN a mis en place des entreprises génératrices de revenus, dont les bénéfices seront utilisés pour intervenir dans les zones non couvertes par les bailleurs de fonds.
En dépit de l’insécurité persistante dans certaines zones sous occupation de groupes armés, l’ICCN continue d’investir dans des projets visant à préserver les acquis déjà réalisés. La loi sur la Conservation permet aux aires protégées de maintenir leur neutralité pendant les conflits armés, ce qui permet à l’ICCN de poursuivre son travail au profit de la population.
L’ICCN, en tant qu’établissement public, est régi par la loi congolaise et bénéficie d’une personnalité juridique propre ainsi que d’une autonomie financière. Il est placé sous la double tutelle du Ministère de l’Environnement, Conservation de la Nature, Eaux et Forêts, et du Portefeuille.
Magloire MUTULWA
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