Parfois, le malheur a des vertus insoupçonnées. La coupure d’électricité qui frappe actuellement la ville de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, semble paradoxalement resserrer les liens sociaux dans certains quartiers, en particulier à Kyeshero, à l’ouest de la ville de Goma.
Un habitant du quartier, un homme d’une soixantaine d’années, a décidé de transformer cette situation difficile en une opportunité de solidarité.
« J’ai mis en place un convertisseur avec une batterie de 70 Ah pour soulager gratuitement les habitants de Kyeshero, notamment mes clients qui viennent régulièrement à ma boutique », explique-t-il.
Ainsi, une initiative qui part d’un besoin urgent d’électricité devient un acte de bienveillance, offrant une lueur d’espoir à des dizaines de personnes.
Cette coupure d’électricité, qui ne touche pas seulement les foyers mais aussi les entreprises, a engendré un phénomène inattendu : des habitants de différents coins du quartier se sont réunis au même endroit pour recharger leurs appareils électroniques. Les scènes de solidarité sont nombreuses, comme le montre la photo partagée par un témoin. Des personnes qui, dans d’autres circonstances, ne se seraient jamais croisées, se retrouvent désormais autour d’un même besoin.
Un exemple frappant de cette réconciliation est celui de Maman Yvette et Maman Sifa. Ces deux femmes, qui ne se parlaient plus depuis trois mois en raison d’un conflit de limites de terrains, se sont retrouvées lors de la quête commune pour une charge de téléphone.
« C’était une occasion de mettre de côté nos différends. Nous nous sommes saluées, et ça a ravivé un peu notre relation », témoigne Maman Sifa, visiblement émue par cet instant de réconciliation.
Dans un autre coin de la ville, deux jeunes filles qui s’étaient bagarrées pour des raisons qui demeurent floues se sont également retrouvées à cet endroit. Cette rencontre improbable a permis de réparer des liens fracturés, tout en montrant qu’une situation difficile peut aussi créer des occasions de dialogue et de rapprochement.
Cette solidarité spontanée ne se limite pas à Kyeshero. À travers Goma, plusieurs autres initiatives similaires ont vu le jour, où des acteurs sociopolitiques et même des hôtels mettent à disposition gratuitement des points de recharge pour les plus démunis. Un geste qui témoigne du sens communautaire qui émerge dans des moments de crise, même si, comme le souligne un observateur local, « tout rassemblement ne signifie pas nécessairement une cohésion durable ».
Cependant, cette vague de générosité a également ses revers. Certains profitent de la situation pour commettre des actes de vol, dérobant les appareils des autres. Cette dynamique, bien qu’altruiste pour la majorité, peut aussi engendrer de nouvelles problématiques.
En fin de compte, si la coupure d’électricité à Goma a exacerbé les difficultés quotidiennes, elle a aussi renforcé la solidarité et rapproché des individus qui, autrement, ne se seraient jamais accordés un sourire. Un signe que, parfois, la crise fait naître des solidarités inattendues.
La rédaction
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