La dernière incursion des ADF, survenue le mercredi 3 décembre 2024 dans la localité de Bakila – Tenambo, à Oïcha dans le territoire de Beni, continue de semer la psychose parmi les habitants de la région.
Depuis cette attaque, de nombreux habitants ont pris l’habitude de fuir leurs villages chaque soir pour se rendre au centre d’Oïcha afin de chercher refuge. Le climat d’insécurité est palpable, notamment parmi les agents sanitaires du centre de santé de Tenambo, situé à proximité des villages récemment attaqués.
Des maisons incendiées, d’autres abandonnées… tel est le triste spectacle qu’offre le village de Mapiki, dans la localité de Bakila – Tenambo, qui a été directement touché par cette nouvelle incursion des ADF. Selon plusieurs témoins, cette situation désastreuse a obligé une grande partie de la population à se déplacer chaque soir pour trouver refuge à Oïcha, dans l’espoir d’échapper à d’autres attaques.
À quelques mètres du centre de santé de Tenambo, les personnels soignants vivent dans la peur, un sentiment renforcé par la fréquence des incursions des ADF au cours des dernières années. Pour éviter d’être surpris par une nouvelle attaque, ces professionnels de santé ont été contraints de réduire leurs services à un strict minimum. C’est le cas de M. Bavi Arsène, infirmier titulaire du centre de santé de Tenambo, qui confie :
**« Nous avons vraiment peur de passer la nuit au centre de santé suite à l’actuel état sécuritaire. Nous faisons un service minimum pour sauver les patients. »** Le ton de M. Arsène trahit une inquiétude profonde et une incertitude quant à la situation future.
La société civile d’Oïcha, elle aussi, exprime une vive inquiétude face à cette résurgence des ADF après plus d’une année d’accalmie dans la région. Darius Syayira, rapporteur de cette structure, dénonce l’insuffisance des effectifs militaires à Oïcha et dans les environs, pointant du doigt le fait que de nombreuses positions sont actuellement dégarnies en raison du déploiement de troupes sur le front nord contre le M23. Selon lui :
**« Nous sommes désolés de cette incursion. Les effectifs militaires ne sont pas dans la zone, les militaires sont partis pour combattre les M23. »** Cette situation crée un vide sécuritaire qui met les populations locales en grand danger.
Face à ces préoccupations, l’armée congolaise, par le biais du porte-parole des opérations Sokola 1 Grand-Nord, le lieutenant-colonel Mak Hazukay, tient à rassurer la population. Il affirme que des mesures ont été prises pour assurer la sécurité des citoyens et mettre fin à l’insécurité :
**« Nous déplorons cette tuerie de nos compatriotes. Que la population soit calme et soit vigilante, car les mesures sont déjà prises par l’armée pour la sécurisation des citoyens. »** Toutefois, malgré cette promesse, la population reste anxieuse et demande davantage de présence militaire pour contrer les menaces.
Les habitants de Beni et des localités voisines lancent un appel au gouvernement central de la RDC, le priant de prendre cette situation sécuritaire très au sérieux. La population, encore une fois, se retrouve à subir les conséquences de cette insécurité persistante.
Alexis Mbokani, à Beni
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