RDC – Guerre à l’Est : les FARDC face à l’essor des réseaux sociaux (Tribune de Paul Zaïdi)

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Les veines incontrôlables

D’emblée, les réseaux sociaux sont forcément en première ligne, par la place qu’ils occupent désormais au vécu quotidien du peuple congolais, mais aussi du fait de la dimension informationnelle que revêt toute instabilité sécuritaire. En période de guerre, le temps où il suffisait de mettre la main sur les médias classiques (Télévision, Radio et la presse écrite…), pour s’adjuger la suprématie informationnelle est définitivement révolu.

Désormais, tout ou presque se joue sur internet et en particulier via les réseaux sociaux, y compris en ayant recours à tous les subterfuges qu’autorisent les nouvelles technologies ; photos truquées, messages vecteur de la violence et de la haine tribale, vidéos de propagande, atroce et obscène… Les réseaux sociaux transforment tous les conflits de manière diversifiée.

La retenue informative des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC)

D’entrée de jeu, face à l’émoi suscité par les nouvelles règles de sécurité opérationnelle dans la région des grands lacs, les FARDC ont adoptées des règles particulièrement contraignantes en matière d’expression des militaires sur Internet.

Jusqu’à ce que les téléphones sont strictement interdits de manipulation, pour les militaires engagés sur la ligne de combat. Tout en veillant à préserver de façon contextuelle, la sécurité des troupes en opérations de grande envergure (Sokola 1 et 2 , Sujaa …).

Dans la phase primitive pour les soldats, la discrétion, voire le secret défense s’imposent, sous peine de risquer de remettre en cause la sécurité des opérations et voir même trahir la mère patrie. Parfois, des plans dévoilés sur Facebook ou Twitter, des photos publiées sur Wathsapp ou des vidéos postées sur YouTube peuvent, en théorie du moins, mettre en danger la vie des hommes en uniforme qui servent le pays sous le drapeau national jusqu’au sacrifice suprême.

La communication en équation différentielle alimentée par la classe politique

Très souvent, certains articles de presse consacrés aux actualités synthétisées de l’effort de guerre et les militaires, évoquent généralement les risques que présentent les réseaux sociaux pour les FARDC.

Un cas illustratif est celui par exemple ; d’écrire à ciel ouvert le renforcement des troupes dans une zone opérationnelles où soit tergiverser sur la réalité du terrain (en terme de bilan, des stratagèmes…) allant jusqu’à, créer une véritable psychose au sein de la population civile qui vit en précarité dans les zones des conflits armés.

Le risque est, en l’occurrence, davantage politique : de tels articles de presse sont susceptibles de nuire à la réputation de l’armée loyaliste (FARDC). Et très souvent une main noire est dénichée puisque les moutons noirs qui oeuvrent dans la presse, font le journalisme protocolaire en guise de plaire parfois aux acteurs politiques du fait que, la RDC est en pleine fièvre électorale.

Les ambitieux politiques jouent à la malignité des sensibilités démagogiques, pour s’attirer la sympathie des électeurs très souvent en jettant l’opprobre sur les FARDC. Et celà, en oubliant la part de responsabilité patriotique dans un régime républicain.

Les réalités extravagantes de cette période douloureuse

De clics, les réseaux sociaux « incarnent un nouveau type de champ de bataille dématérialisé sur lequel domine l’image, le visuel, la désintermédiation de l’opinion publique. En effet, Wathsapp, Facebook, YouTube,Twitter, Imo, Instagram, TikTok etc… Sont au cœur de la guerre asymétrique. Ils se sont imposés comme des outils de mobilisation et des amplificateurs de cyberguerre.

C’est par exemple dans le territoire de Rutshuru, l’invasion rwandaise se déroule aussi sur le front de l’information, ou plutôt sur celui de la désinformation. À ce sujet, des éléments audiovisuels récemment publiés sur les réseaux sociaux se sont répandues comme une trainée de poudre.

Où un montage infantile faisait croire aux internautes qu’un officier des Forces Armées de la République Démocratique du Congo, était en train de se lamenter auprès du Ministre national de la défense, sur l’insuffisance des moyens logistiques et en ressources humaines, mise en sa disposition pour combattre de manière musclée les rebelles du M23 soutenus par le régime de Kigali.

Ce désagrément communicationnel, est voué à la période de la promotion et de la désinformation notamment portée par les deepfakes, ces manipulations vidéo et audio grandeur nature qui se multiplient en ligne. Contraction de « deep learning » (technique d’intelligence artificielle) et de « fake » (faux), ces hyper-truquages très réalistes se multiplient en ligne.

Les dérives du circuit communicationnel

Cette désinformation tous azimuts s’apparente à une guerre perpétuée par les envahisseurs de la RD Congo. Rien de surprenant dans ce déferlement de fausses informations lorsqu’on se rappelle qu’il y a presque 2 ans dans le territoire de Beni, le clan terroriste des ADF / MTM publiait sur les réseaux sociaux ;

Des tracts pour créer une extrême précarité, auprès des usagers des routes d’intérêt économiques et aussi auprès des agriculteurs dans la zone de Mayangose et bien d’autres agglomérations du secteur de Beni-Mbau et Ruwenzori dont, le poids des hostilités était en outrance avant la redynamisation des opérations ponctuées.

Cette dimension informationnelle qui combine désinformation, manipulation, action psychologique, déstabilisation, cyber-chaos et cyberguerre, aux cotés d’actions militaires « classiques » allant jusqu’à la menace stratégique de la balkanisation du pays. Ce qui se joue sur le territoire congolais depuis ces derniers jours est l’exacte mise en application de ces principes de guerre totale dans laquelle les réseaux sociaux sont utilisés en mode « guerre ».

Soit pour véhiculer un message d’alerte, de dénonciation aussi soit, pour jouer à l’apologie du crime de guerre ( la population civile joue forcément au jeu de l’ennemi dans une ignorance quasi-totale). L’ennemi de la paix s’est donné le luxe ;

De créer plusieurs groupes surtout sur Wathsapp et Facebook, où l’objectif primordial est de perturber le mariage civilo-militaire. L’ultime version mise en vigueur, c’est de relever uniquement le côté négatif du régime spécial de l’état de siège, oubliant sciemment les bienfaits tant soit peu de ce dernier.

Paul Zaïdi

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