Les actions de sauvetage des ONG incarnent à la fois des fonctions publicitaires et des capacités d’assistance sociale. Ces organismes humanitaires s’inscrivent ainsi dans une logique parfois perçue comme arbitraire.
Natif d’une région en proie à une guerre chronique, et héritier de la générosité manifestée traditionnellement par les personnes de bonne volonté envers celles confrontées à une extrême vulnérabilité quotidienne, Fred Mastaki, rédacteur en chef à la Radio pour le soutien aux orphelins (Raso-FM), une chaîne communautaire émettant à partir de la cité frontalière de Kasindi en territoire de Beni, au Nord-Kivu, estime qu’il est nécessaire d’analyser la pertinence de l’engagement médiatique lorsqu’il s’agit d’action humanitaire.
« Aider les pauvres sans prendre une photo, c’est possible », insiste-t-il sur ses plateformes numériques. Cette déclaration est une manière pour ce défenseur des causes sociales de conscientiser sa communauté contre les bavardages incessants avant, pendant et après un acte de charité destiné à ceux qui nécessitent une intervention multiforme.
L’omniprésence de l’insécurité, qui sévit de manière endémique dans l’est de la République Démocratique du Congo, a déjà causé la mort de centaines de personnes et forcé des milliers d’autres à fuir, les rendant particulièrement vulnérables à la famine et provoquant ainsi une mortalité alarmante.
Cependant, parmi les déplacés de guerre, une catégorie qui inclut également les orphelins et les veuves, les démarches d’urgence sont souvent prises en charge par les acteurs politiques (députés nationaux et provinciaux), les leaders religieux, les notables et parfois les autorités étatiques.
En parallèle, les besoins vitaux sont souvent allégés par les organisations humanitaires, via des circuits matériels et techniques. Selon le journaliste Fred Mastaki, l’imbroglio dans ces actions d’entraide sociale survient lorsque les bénéficiaires deviennent des boucs émissaires, servant à attirer l’attention des autorités politiques, des bailleurs de fonds et des pays donateurs.
Dans ce contexte, les photos et vidéos sont prises en marge des rapports d’aide, souvent pour des raisons populistes sur les réseaux sociaux. Les personnes bénéficiant de l’aide voient ainsi leur dignité bafouée par les soi-disant bienfaiteurs.
Selon ce professionnel des médias, ces pratiques deviennent insupportables, et il est grand temps d’aider les vulnérables sans pour autant porter atteinte aux principes éthiques de l’action humanitaire.
PAUL ZAÏDI
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