« Vouloir assimiler toute voix dissidente contre l’état de siège à la CRP, un autre danger pour l’Ituri » (Pamphlet de Deogratias Bungamuzi)

Depuis quelques mois, l’Ituri assiste à un phénomène inquiétant, la confusion volontaire ou non entre opinion critique et appartenance rebelle. Des attaques dans les médias et réseaux sociaux, des prises de parole de certains officiels et même des discussions ordinaires entre amis traduisent une tendance grandissante, assimiler toute voix dissidente contre l’État de siège à la rébellion CRP.

Ce glissement dangereux banalise la critique constructive, pourtant nécessaire à toute gouvernance démocratique. Il installe une peur silencieuse et muselle ceux qui osent encore questionner la gestion sécuritaire de la province. Pire, cette confusion semble servir de publicité involontaire à la rébellion elle-même, comme si la dénoncer ou simplement en parler revenait à lui appartenir.

Pourtant, la véritable menace pour l’Ituri n’a jamais changé. Depuis 2017, la CODECO continue de semer mort et désolation, villages incendiés, populations déplacées, femmes violées, et enfants orphelins… À cette tragédie s’ajoutent d’autres groupes armés, dont les revendications se multiplient au fil des années. Et en 2025, l’ombre de Thomas Lubanga ressurgit, brandissant à nouveau les armes sous le prétexte d’une libération de l’Ituri contre un système qu’il juge défaillant.

Mais derrière sa prétendue cause noble, se cachent des ambitions personnelles et des calculs politiques. Ces nouvelles aventures armées n’apportent ni espoir ni délivrance, elles emportent des vies humaines et engloutissent l’avenir d’une génération sacrifiée sur l’autel des intérêts égoïstes.

Face à cela, le gouvernement semble tomber dans une dérive tout aussi périlleuse, la généralisation et la diabolisation systématique de toute voix indépendante Députés nationaux et provinciaux, leaders d’opinion, chefs coutumiers ou acteurs sociaux sont de plus en plus souvent accusés d’appartenir à la CRP, simplement parce qu’ils refusent de dire AMEN et de répéter le discours officiel.
Pourtant, beaucoup d’entre eux se battent au quotidien pour préserver la jeunesse de la manipulation, sensibiliser contre les groupes armés et promouvoir la paix.

Assimiler ces patriotes à des rebelles, c’est affaiblir le camp de la paix et renforcer celui de la haine. L’Ituri a besoin de vérité, de discernement et de responsabilité, pas de slogans accusateurs. Car si l’on continue à confondre critiquer et trahir, alors ceux qui rêvent encore d’une Ituri pacifiée risquent de se taire à jamais, laissant le champ libre à ceux qui veulent sa perte.

Texte : Deogratias Bungamuzi, Président du Conseil Provincial de la Jeunesse de l’Ituri

Titre : Lesvolcansnews.net