La tension est montée d’un cran sur l’échiquier politique congolais. Dans un communiqué publié vendredi 13 juin, le parti Ensemble pour la République, dirigé par Moïse Katumbi, a dénoncé les accusations « graves » et « sans fondement » portées par Jean-Pierre Bemba à l’encontre de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et de certaines figures majeures de l’opposition.
Le Vice-Premier ministre chargé des Transports, Jean-Pierre Bemba, avait en effet, lors d’une récente intervention sur Top Congo FM, accusé ouvertement la CENCO et certains opposants dont Moïse Katumbi et Joseph Kabila de vouloir déstabiliser les institutions du pays, allant même jusqu’à évoquer un projet d’attentat contre le chef de l’État, Félix Tshisekedi.
Face à cette sortie jugée « irresponsable et dangereuse », Ensemble pour la République parle d’une « manœuvre de diversion », destinée à masquer l’inefficacité du ministre dans ses fonctions et à focaliser l’opinion sur des attaques personnelles.
« Alors que l’on peine à trouver des solutions durables à cette crise, et qu’un espoir de dialogue national se dessine à l’initiative conjointe de la CENCO et de l’ECC, Jean-Pierre Bemba choisit de jeter l’opprobre sur des figures majeures de l’opposition – notamment Moïse Katumbi et Joseph Kabila tout en discréditant une institution respectée comme la CENCO », déplore le communiqué du parti.
Le ton du communiqué ne laisse aucun doute sur la gravité perçue de ces déclarations. Le parti de Moïse Katumbi ne se contente pas de condamner les propos de Bemba, il interpelle directement le président Félix Tshisekedi à faire preuve de fermeté face à ce qu’il qualifie d’écart politique inacceptable.
« Les propos de Jean-Pierre Bemba sont séparatistes, dangereux et incompatibles avec l’esprit de cohésion nationale. Le chef de l’État doit se séparer d’un collaborateur aussi encombrant que nuisible », peut-on lire.
Le communiqué va plus loin en remettant en cause l’efficacité du VPM Bemba dans la gestion des dossiers relevant de ses attributions ministérielles. Ensemble pour la République reproche à ce dernier de ne rien apporter de concret aux problèmes quotidiens des Congolais, préférant « l’escalade verbale et les insinuations infondées » à l’action de terrain.
« Si aucune sanction n’est prise contre le VPM Bemba, les Congolais comprendront qu’il n’est en réalité que le commissionnaire d’un système politique gangrené par la corruption et le mal », conclut le document.
Cette passe d’armes intervient alors que le pays traverse une période d’extrême fragilité sécuritaire, marquée par l’occupation persistante de vastes zones de l’Est du pays par la rébellion du M23, appuyée par le Rwanda selon les autorités congolaises. Dans ce contexte, les voix appelant à un dialogue inclusif et national se multiplient, notamment sous l’impulsion de la CENCO et de l’Église du Christ au Congo (ECC).
Les propos de Bemba, largement relayés sur les réseaux sociaux et dans les médias, ont été jugés contreproductifs par plusieurs observateurs qui y voient un risque supplémentaire de division au sein de la classe politique et un affaiblissement de toute tentative de consensus national.
Rédaction