Après cinq jours de travaux intensifs, une cinquantaine de fonctionnaires, responsables locaux, membres des comités de sécurité et représentants de la société civile ont élaboré et adopté un Plan Local de Sécurité (PLS). Cette initiative vise à réactiver les Comités Locaux de Sécurité (CLS) dans le but de répondre plus efficacement à l’insécurité chronique qui frappe la ville et le territoire de Beni, dans la province du Nord-Kivu, à l’Est de la République Démocratique du Congo.
Organisée par la Section des Affaires civiles de la MONUSCO, cette formation s’est clôturée ce week-end avec un objectif clair : impliquer activement la population dans la gouvernance sécuritaire, en misant sur la concertation, l’analyse collective des risques, et la mise en œuvre d’actions concrètes.
« Nous avons élaboré le Plan Local de Sécurité en analysant les fichiers de risques. Comme vous le savez, l’État a pour mission principale de sécuriser la population et ses biens. On vient de nous donner des éléments qui vont nous aider à assumer cette responsabilité, et c’est une bonne chose. On nous a même parlé de gouvernance participative, c’est-à-dire que ce ne sera plus seulement l’affaire des autorités. La population doit aussi nous accompagner pour que nous puissions bien la sécuriser », s’est félicité Ngongo Mayanga, commissaire supérieur principal et bourgmestre de la commune de Mulekera.
Du côté de la société civile, cette démarche est saluée comme un pas décisif vers une approche collective de la sécurité, bien loin des solutions centralisées et souvent inefficaces.
« C’était bien utile que nous élaborions ce plan local de sécurité. Nous avons déjà plusieurs difficultés sécuritaires, mais elles seront vite décantées grâce à cette approche. Nous avons collectivement analysé les fiches de risques, et j’ai constaté que le problème sécuritaire dans la ville de Beni dépasse même le 100 %. Mais avec ce programme, nous allons vraiment bien travailler. Il y aura une collaboration concrète entre la communauté et les autorités, avec un plan clair et des priorités définies », a soutenu Peggy Kasayi, président de la société civile locale et défenseur des droits des femmes et des enfants à Mulekera.
Au cours des ateliers, les participants ont identifié cinq facteurs majeurs qui alimentent l’insécurité à Beni :
- La criminalité urbaine
- Les conflits fonciers
- La prolifération des maisons de tolérance et des fumoirs
- L’insalubrité et l’enclavement de certains quartiers
- La présence continue des rebelles ADF dans les périphéries
Ces éléments serviront de base pour les interventions ciblées des CLS. Un mécanisme de suivi a également été prévu : dans trois mois, une évaluation portera sur la fréquence des réunions, la qualité des décisions prises et l’implication réelle des acteurs, tant au niveau administratif que communautaire.
Par cette initiative, la MONUSCO renforce son soutien aux autorités et aux communautés locales, en conseillant et en accompagnant les efforts pour construire une sécurité plus inclusive, participative et durable dans une région encore marquée par les violences armées et l’instabilité.
« À travers ce plan, c’est une nouvelle dynamique qui se met en place. Une sécurité pensée avec et pour les populations », a confié une source administrative ayant participé à l’atelier.
À Beni, où les populations vivent depuis des années dans la peur et l’incertitude, ce Plan Local de Sécurité marque un tournant majeur dans la lutte contre l’insécurité, misant sur la co-responsabilité et l’action concertée.
Rédaction