Après 18 jours de détention dans la ville de Goma, contrôlée par la coalition M23-AFC depuis janvier dernier, le journaliste congolais Wakahasha Jérémie Bahatia retrouvé la liberté ce mercredi 11 juin.
C’est vêtu d’un simple tricot, mais le regard plein d’émotions, que Jérémie est apparu ce matin sur une photo aux côtés du représentant de Journaliste en danger (JED/asbl) section du Nord-kivu, une organisation de défense de la liberté de la presse en République Démocratique du Congo.
“Gloire à Dieu, mon Dieu, qui vient de nous libérer après 18 jours de détention. Que Dieu bénisse abondamment tous ceux et celles qui nous ont portés dans leurs prières et pensées, à ma famille. Journaliste pour toujours”, a écrit Jérémie sur son compte personnel peu après sa libération.
Jérémie avait été arrêté le dimanche 25 mai 2025 à Goma, dans des circonstances perçues comme un enlèvement. Il a ensuite été confirmé qu’il était détenu par les rebelles du M23, qui exercent une autorité de fait sur plusieurs villes de l’est de la RDC, dont Goma et Bukavu.
Une vidéo diffusée plusieurs jours plus tard avait rassuré ses proches en le montrant vivant. Dans cet enregistrement, le journaliste expliquait les raisons de son arrestation :
“Bonjour ma famille, je sais que vous vous demandez où je suis. Je suis arrêté par le mouvement car j’avais partagé un article publié par un confrère, c’est une erreur. Je ne commettrai plus cette faute car, dit-on, les erreurs du passé nous donnent de l’expérience. Soyez ainsi calme, que mes enfants soient aussi calmes tout en continuant la prière pour moi. Le mouvement évalue encore la possibilité de nous libérer. Petit à petit, nous allons sortir d’ici“,déclarait-il.
La libération de Jérémie, saluée par plusieurs journalistes, n’efface pas le climat de peur quasi permanent dans lequel évoluent les professionnels des médias dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Pris en étau entre les menaces de Kinshasa qui réprime toute voix évoquant l’avancée du M23 et les pressions exercées par les rebelles qui veulent imposer leur propre version du conflit, les journalistes sont contraints à une autocensure de survie.
Le 20 mai dernier, le média local Tazama RDC, basé à Goma, annonçait une suspension temporaire de la publication d’informations sécuritaires.
“Chers lecteurs et followers, TAZAMA RDC tient à vous informer de la suspension momentanée des informations relatives directement à la sécurité sur ses plateformes dès ce mardi 20 mai 2025 à midi dans les Provinces du Nord et Sud-Kivu (…). Nous vous assurons de notre intention de reprendre nos publications sur la sécurité dès que possible“,écrivait le média sur son compte X.
La libération de Wakahasha Jérémie est accueillie comme une victoire symbolique pour toute la corporation journalistique congolaise, bien que la crainte reste omniprésente.
La profession, pourtant essentielle en cette période trouble, continue d’évoluer dans une insécurité croissante.
“Nous sommes soulagés, mais pas rassurés,” a confié un journaliste de Bukavu, préférant rester anonyme.
et de chuter: “Aujourd’hui, c’est Jérémie, demain ce sera peut-être moi. Tant que l’on ne pourra pas travailler librement, il n’y a pas de vraie victoire.”
la rédaction