Les autorités douanières du poste frontalier de Kasindi ont lancé une série d’actions destinées à renforcer les contrôles aux frontières. Cette stratégie passe notamment par des campagnes de sensibilisation visant à informer les parties prenantes des risques liés à la fraude.
Cette décision intervient après l’enregistrement de fuites massives de cacao vers l’Ouganda, où le kilogramme se négocie actuellement entre 7 et 7,5 dollars américains (USD), contre 6 à 6,5 USD en République Démocratique du Congo. Une différence de prix qui varie selon les contrats passés avec différents partenaires de la filière cacao.
La fraude autour du cacao reste un problème récurrent, en particulier entre la RDC et l’Ouganda, notamment via des pistes non officielles situées le long des rivières Thako et Lubiriha, dans le territoire de Beni.
Cette contrebande est alimentée par l’écart de prix entre les deux pays et les manœuvres des acheteurs clandestins ougandais, très actifs dans les zones rurales de Bulongo, Lume, Mwenda et Halungupa, dans le secteur de Ruwenzori, au Nord-Kivu.
Lors d’une activité de vulgarisation organisée le week-end dernier au temple de l’Église CECAC-20 de Lubiriha, les autorités politico-administratives, coutumières, ainsi que des acheteurs et exportateurs de cacao ont pris part à une séance d’échanges. Il en est ressorti que les exportations frauduleuses sont principalement motivées par l’attrait de gains financiers plus importants offerts par les pays voisins, notamment l’Ouganda.
Cette situation place les opérateurs économiques congolais dans l’incertitude, alors même qu’ils ignorent souvent que cette fraude profite à l’économie ougandaise, qui bénéficie ensuite de subventions et fonds agricoles internationaux destinés aux pays producteurs comme ceux du cacao et du café.
Un autre enjeu soulevé est celui de la fixation du prix du cacao, qui est déterminée en grande partie par la bourse internationale et les circuits mondiaux du marché. Selon le responsable de l’Office National des Produits Agricoles du Congo (ONAPAC) à Kasindi, M. Rumangabo :
« Les acheteurs clandestins ougandais renforcent l’économie de leur pays au détriment de celle de la RDC. Cela prive les travailleurs de la filière cacao et leurs communautés des bénéfices du commerce extérieur. Désormais, nous allons prendre toutes les mesures nécessaires pour répondre aux préoccupations de la population. »
Dans cette optique, l’ONAPAC a annoncé qu’à très court terme, plusieurs dépôts légalement établis seront opérationnels à Kasindi-Lubiriha. L’objectif est de stabiliser le prix du cacao en RDC, afin de dissuader les trafiquants de contourner les réglementations douanières nationales.
Pour rappel, il y a environ deux semaines, l’ONAPAC a intercepté plusieurs tonnes de cacao destinées à la fraude vers l’Ouganda. Cette affaire est actuellement entre les mains du parquet de grande instance de Beni, qui a ouvert des poursuites judiciaires contre deux individus soupçonnés d’en être les auteurs.
Paul Zaïdi
