Goma : Le retour de Joseph Kabila inquiète le gouvernement congolais

Ce mardi 27 mai, lors d’un briefing presse conjoint organisé à la RTNC, deux membres influents du gouvernement congolais, Julien Paluku, ministre du Commerce extérieur, et Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement, ont exprimé leur vive inquiétude face au retour remarqué de l’ancien président Joseph Kabila à Goma. Une visite qui, selon eux, dépasse le simple cadre personnel et s’inscrit dans une stratégie politique aux implications profondes.

Julien Paluku, ancien gouverneur du Nord-Kivu, n’a pas mâché ses mots. Visiblement troublé par la présence de son ancien allié dans la capitale provinciale, il a laissé planer un doute sur les intentions réelles de cette visite.
« Je me pose la question : est-ce réellement lui à Goma ou juste son ombre ? », a-t-il lancé, soulignant ce qu’il perçoit comme une mise en scène à forte charge symbolique. Paluku a rappelé les douloureux souvenirs des rébellions qui ont ravagé l’Est du pays, et prévenu contre toute manœuvre risquant d’attiser à nouveau les flammes de l’instabilité.

Le ministre a également fustigé l’entourage de Kabila, qu’il considère comme composé de figures notoirement liées aux mouvements hostiles à l’État congolais.
« Je vois cet homme-là entouré de ceux qui ont pris les armes contre la République. C’est troublant », a-t-il déclaré, appelant à une vigilance accrue face à tout scénario de retour aux pratiques du passé.

Prenant la parole à son tour, Patrick Muyaya a enfoncé le clou en dénonçant un discours qu’il juge déstabilisateur.
« Venir parler aujourd’hui de fin de tyrannie, c’est envoyer un message dangereux aux populations de Goma et d’ailleurs », a-t-il mis en garde, faisant référence à certaines déclarations perçues comme incendiaires dans l’entourage de l’ancien président.

Muyaya a insisté sur la nécessité de préserver les acquis de la paix, et a réaffirmé la détermination du gouvernement à consolider la stabilité à l’Est sous la conduite du président Félix Tshisekedi.
« Les Congolais n’ont plus besoin du passé de guerre, de corruption, ni de compromissions avec le Rwanda. Il est temps de nous unir pour vaincre les supplétifs du Rwanda », a-t-il martelé.

Sur fond de tensions politiques, Joseph Kabila, quant à lui, est resté discret depuis son arrivée à Goma. Selon son entourage, il entamera dès ce mercredi 28 mai une série de consultations avec des leaders religieux, des acteurs de la société civile et certaines figures de l’opposition non armée. Une démarche que ses proches présentent comme une écoute active des préoccupations citoyennes face à la crise sécuritaire.

Mais cette initiative suscite des réactions partagées. Si certains y voient une tentative de réconciliation nationale, d’autres soupçonnent un repositionnement stratégique de l’ancien président dans un climat politique encore volatil. Homme de paix ou stratège en quête de renouveau ? Le débat reste ouvert.

Les jours à venir s’annoncent déterminants à Goma, où les équilibres sont aussi fragiles que les espoirs de paix sont grands.