La tension monte à Bangu Dia Zulu, un paisible village du territoire de Mbanza-Ngungu, à moins de 72 heures de l’exécution d’une décision judiciaire vieille de près de quatre ans. Dans le secteur de Boko, les voix des notables se font de plus en plus pressantes pour dénoncer ce qu’ils qualifient de « drame annoncé ».
Le litige, enraciné dans une querelle foncière entre deux chefs de clan — Mbanda de Bangu Dia Ndimba et Nsangu de Bangu Dia Zulu —, trouve son épilogue judiciaire en décembre 2020. Le tribunal de grande instance de Mbanza-Ngungu avait alors statué en faveur de Mbanda, ordonnant l’expulsion des habitants du village au profit du clan voisin. Mais cette décision, prise en l’absence du clan Nsangu, continue de soulever de vives contestations locales.
Un silence judiciaire devenu bombe sociale
Pendant près de trois ans, la notification d’expulsion signée en mai 2021 est restée lettre morte. Ce n’est qu’au début du mois de mai 2025 que les habitants ont appris la relance de la procédure. Depuis, la communauté est en état d’alerte.
« Ce ne sont pas des maisons qu’on détruit, mais une mémoire vivante et des repères ancestraux », a déclaré, sous couvert d’anonymat, l’un des sages du secteur, interrogé par Congo-Quotidien.
Il évoque les souvenirs douloureux des villages Kimbongo et Kinlele, expulsés dans des conditions similaires, laissant derrière eux des familles démunies et des territoires vides de sens culturel.
Une mobilisation de dernière minute
La mobilisation s’est intensifiée ces derniers jours. Les députés provinciaux, les ministères sectoriels, le gouvernorat du Kongo-Central, et même la Présidence de la République ont été saisis. Des correspondances urgentes et appels téléphoniques cherchent à bloquer l’exécution imminente de ce jugement jugé inéquitable.
Dans leur plaidoyer adressé au chef de l’État, les notables invoquent l’article 34 de la Constitution congolaise et la loi foncière de 1973, qui protègent les terres occupées de manière continue et pacifique. Ils demandent une médiation présidentielle ou judiciaire d’urgence, appelant à un gel de l’expulsion jusqu’à nouvel examen du dossier, cette fois en présence de toutes les parties.
Une décision aux conséquences explosives
Le climat est désormais tendu dans la région. Le spectre d’un affrontement communautaire plane, car les habitants de Bangu Dia Zulu ne comptent pas quitter leurs terres sans se faire entendre.
Le débat va bien au-delà du droit : il touche à l’identité, à la mémoire collective et à la stabilité rurale. À l’heure où le pays se dit engagé pour la paix sociale et la décentralisation équitable, cette expulsion pourrait marquer un virage inquiétant dans la gestion des conflits fonciers.
LA REDACTION