Le Programme alimentaire mondial (PAM) tire la sonnette d’alarme. Dans un rapport publié ce vendredi 23 mai 2025, l’agence onusienne avertit que la République démocratique du Congo (RDC) est confrontée à une crise humanitaire de plus en plus insoutenable, alimentée par la montée en flèche des déplacements de population dus à l’escalade du conflit dans l’est du pays.
« L’insécurité alimentaire atteint des proportions de crise et dépasse largement la capacité actuelle de réponse humanitaire », déclare le PAM dans son rapport.
Depuis janvier 2025, plus de 660 000 personnes ont été forcées de fuir leurs foyers rien que dans la ville de Goma, fuyant les violents affrontements entre les Forces armées de la RDC (FARDC), le groupe rebelle M23 et d’autres factions armées.
Ces déplacements massifs se déroulent dans un contexte où l’accès à la nourriture devient de plus en plus difficile, notamment dans les provinces d’Ituri, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et du Tanganyika.
Selon les données du PAM, 7,9 millions de personnes sont actuellement en situation d’insécurité alimentaire aiguë, dont 2,3 millions en phase 4 de l’IPC, proche de la famine. La production agricole s’effondre dans le Grand Nord du Nord-Kivu, et plus de 90 % des ménages du Nord et du Sud-Kivu sont contraints de réduire leurs repas ou de mendier pour survivre.
Des prix alimentaires en forte hausse, une aide insuffisante
Les routes commerciales coupées par l’insécurité font grimper les prix des denrées alimentaires locales, laissant les familles démunies. Le nombre total de personnes en insécurité alimentaire aiguë dans tout le pays atteint désormais les 28 millions, faisant de la RDC l’un des foyers les plus critiques de la faim dans le monde.
« L’aide vitale que nous fournissons ne suit pas le rythme des besoins croissants », avertit le PAM.
Une crise régionale : plus de 140 000 Congolais réfugiés
La crise s’étend au-delà des frontières. Près de 140 000 Congolais ont fui vers les pays voisins au cours des quatre premiers mois de l’année : 70 000 vers le Burundi et 60 000 vers l’Ouganda. Les réfugiés arrivent dans des conditions précaires, sans accès à la nourriture, au logement ou aux soins de santé.
Les femmes, les enfants et les personnes âgées sont particulièrement vulnérables dans les camps surpeuplés des pays d’accueil.
Une réponse du PAM menacée par le manque de financement
Entre janvier et mars 2025, le PAM a distribué de l’aide alimentaire et en espèces à 1,1 million de personnes dans l’est de la RDC.
Il a aussi apporté un soutien nutritionnel à 340 000 femmes et enfants, fourni des repas scolaires à 115 000 écoliers et mis en place des programmes de relance économique pour 14 000 personnes. Mais ces efforts risquent de s’effondrer sans financement immédiat.
Appel urgent : plus de 433 millions USD nécessaires
Le PAM a lancé un appel urgent de 433 millions de dollars pour poursuivre ses opérations d’urgence en RDC jusqu’en octobre 2025.
« Sans un soutien immédiat, des millions de personnes risquent d’être privées d’une aide vitale », insiste l’organisation.
La situation dans les pays d’accueil
- Burundi : Plus de 80 000 réfugiés, dont 25 000 nouveaux arrivants. L’aide alimentaire a été réduite à des demi-rations. Besoin urgent : 16,6 millions USD.
- Rwanda : 130 000 réfugiés soutenus. Les transferts d’argent ont été réduits de 50 %. Besoin : 12 millions USD.
- Ouganda : 630 000 réfugiés pris en charge, dont 64 000 récents. Besoin : 26 millions USD. Les taux de malnutrition dépassent les seuils d’urgence.
- Tanzanie : 186 000 réfugiés dépendent du PAM. Les rations ont été réduites à 65 % et chuteront à 50 % en juin. Besoin : 18 millions USD.
La crise humanitaire en RDC et dans la région prend une ampleur alarmante. Sans une réaction rapide de la communauté internationale, le PAM craint une aggravation dramatique de la situation humanitaire, avec des conséquences potentiellement catastrophiques pour des millions de personnes vulnérables.
La redaction