RDC : Joseph Kabila brise le silence et dénonce une “dérive autoritaire” au sommet de l’État

 

Dans une déclaration au ton grave et sans concessions, l’ancien président de la République Démocratique du Congo, Joseph Kabila, s’est exprimé ce vendredi 23 mai, au lendemain de la levée de son immunité parlementaire par le Sénat. Pour la première fois depuis plusieurs mois, l’ancien chef de l’État est sorti de son silence pour commenter la situation politique du pays, qu’il qualifie de “détérioration rapide”.

“Cette détérioration rapide de la situation générale du pays est principalement due à une dérive du pouvoir sans limites,” a affirmé Joseph Kabila dans un discours dense, marqué par un ton accusateur envers le régime actuel. Selon lui, les dirigeants en place mènent une gouvernance marquée par “la concentration du pouvoir entre les mains d’un seul homme”, au mépris du pacte républicain censé garantir la stabilité et la cohésion nationale.

Dans un réquisitoire implacable, l’ancien président a dénoncé “les violations intentionnelles de la Constitution”, évoquant notamment le remaniement controversé de la Cour constitutionnelle par le chef de l’État en 2020. Il y voit un “acte délibéré de remise en question du socle républicain”.

Une série d’accusations contre le pouvoir en place

Joseph Kabila a aussi dénoncé un “coup d’État institutionnel” ayant, selon lui, abouti à la chute d’une majorité parlementaire pourtant élue par le peuple. Il critique ensuite la nomination illégale de membres de la CENI (Commission Électorale Nationale Indépendante) et les irrégularités entourant les élections de décembre 2023, lesquelles, selon lui, ont été organisées “en violation flagrante des normes juridiques et internationales”.

Il affirme que ces manquements ont contribué à “amplifier la crise de légitimité des institutions”, fragilisant davantage un État qu’il estime en voie de désintégration démocratique. Il n’a pas manqué de fustiger un projet de réforme constitutionnelle, perçu comme une tentative d’instaurer un pouvoir à vie.

“La République a cessé d’être démocratique. La volonté du chef de l’État est devenue la loi suprême, supplantant la Constitution,” a-t-il martelé.

Un climat politique toxique et une justice instrumentalisée

Joseph Kabila a aussi alerté sur la montée d’un climat de “populisme, de mensonge et d’arrogance” dans la gouvernance actuelle, tout en déplorant la stigmatisation, la montée du tribalisme, et la propagation de discours de haine. Il accuse le régime d’encourager ces dérives, créant ainsi un terreau fertile à la division nationale.

Il va plus loin en évoquant une justice “instrumentalisée à des fins politiques”, devenue selon lui un outil d’oppression au service d’une dictature naissante.

Face à cette situation qu’il juge alarmante, Joseph Kabila appelle implicitement à un sursaut national. Toutefois, il ne propose aucune sortie de crise concrète dans sa déclaration. Mais pour beaucoup d’observateurs, cette prise de parole pourrait marquer un tournant dans le débat politique congolais.

La levée de son immunité pourrait être le prélude à une série de procédures judiciaires, mais Kabila semble prêt à en découdre, politiquement et juridiquement. Sa déclaration pose désormais la question d’un possible retour au centre du jeu politique.

Affaire à suivre.


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