Dans une allocution exceptionnelle, l’ancien président congolais fustige la gouvernance actuelle, appelle à un sursaut patriotique et propose un « pacte citoyen » pour sauver la nation.
Ce vendredi 23 mai 2025, l’ancien président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, est sorti de son long silence pour s’adresser à la nation dans une allocution d’une ampleur historique. Cette intervention intervient dans un contexte tendu, au lendemain de la levée de ses immunités parlementaires par le Sénat, une décision qu’il qualifie de « dérive autoritaire » du pouvoir en place.
« Continuer à me taire m’aurait rendu poursuivable devant le tribunal de l’histoire pour non-assistance à plus de cent millions de compatriotes en danger », a-t-il affirmé d’un ton grave.
Une attaque frontale contre le régime en place
Pendant plus de deux heures, Joseph Kabila a dressé un réquisitoire sévère contre l’actuelle gouvernance de Kinshasa, dénonçant un effondrement des institutions, une instrumentalisation de la justice et une détérioration dramatique de la situation sécuritaire et économique du pays. Selon lui, le pays a régressé à un « État failli », miné par la corruption, la mauvaise gouvernance et l’instrumentalisation ethnique du pouvoir.
« Le Congo mérite mieux que cette politique extérieure, faite de jérémiades et de mendicité », a-t-il lancé avec fermeté.
L’héritage dilapidé et les accords reniés
Revenant sur la passation pacifique du pouvoir en 2019 – une première dans l’histoire du pays –, Kabila rappelle que cette alternance reposait sur un accord de coalition conclu avec le président actuel. Cet accord, selon lui, visait à garantir la stabilité du pays et à permettre un exercice efficace du pouvoir malgré une majorité parlementaire alors détenue par le camp Kabila.
« Beaucoup de contre-vérités ont été dites… y compris par celui qui est censé connaître la vérité », déplore-t-il, faisant allusion au président Tshisekedi sans le nommer.
Situation sécuritaire : « un terrorisme d’État » dénoncé
Kabila a particulièrement insisté sur la situation sécuritaire dramatique à l’Est du pays, qu’il impute à une militarisation ethnique, à l’inaction volontaire du pouvoir et au recours à des mercenaires au détriment de l’armée nationale. Il a évoqué de nombreux massacres restés impunis, notamment ceux des détenus de Makala et des membres de mouvements religieux ou politiques.
« Le sang de nos compatriotes a coulé gratuitement, du fait de l’intolérance et d’un terrorisme d’État », a-t-il accusé.
Proposition d’un Pacte Citoyen pour une refondation nationale
Face à la crise qu’il qualifie de « multidimensionnelle et existentielle », Joseph Kabila propose un « Pacte citoyen » articulé autour de douze axes majeurs, allant de la restauration de l’autorité de l’État à l’exigence de retrait des troupes étrangères du territoire national. Il invite toutes les forces vives du pays à se mobiliser pour sauver la République.
« Il est temps de mettre fin à la tyrannie, de restaurer la démocratie et de réconcilier les Congolais », affirme-t-il.
Un appel à l’unité et à la résilience du peuple
Dans un message aux allures de testament politique, l’ancien chef de l’État s’est adressé à la jeunesse, aux victimes de guerre, et aux populations de l’Est, rappelant son engagement envers le serment militaire qu’il avait jadis prêté : défendre la patrie jusqu’au sacrifice suprême.
« Le Congo vaut mieux que la caricature qu’en donnent ses dirigeants actuels. Je m’engage à jouer ma partition », a-t-il conclu.
Réactions attendues à Kinshasa et dans la région
Si la présidence n’a pas encore réagi officiellement à cette déclaration, les analystes s’accordent à dire que cette allocution pourrait marquer un tournant politique majeur dans le pays. À Goma, la population, sous haute tension, attend avec fébrilité les développements à venir, tandis que sur les réseaux sociaux, les hashtags #KabilaParle et #PacteCitoyen explosent.
Joseph Kabila, longtemps silencieux, semble désormais décidé à redevenir un acteur central de la scène politique congolaise. Reste à savoir comment le pouvoir en place et la communauté internationale accueilleront cet appel à la refondation.
la redaction