Accusé de détournement de 19 millions de dollars américains, Constant Mutamba, ministre de la Justice et Garde des Sceaux, fait désormais face à une vague d’indignation nationale et à des appels à sa démission de plus en plus insistants.
La révélation de ce scandale, qui a éclaté en début de semaine, a rapidement enflammé l’opinion publique et suscité des réactions en cascade dans les milieux politiques et citoyens.
L’affaire ne se limite pas à un simple soupçon : elle met directement en cause la gestion de fonds publics à un haut niveau de l’État et soulève des interrogations sur l’intégrité même des piliers de la gouvernance en RDC.
Une société civile en alerte
Le mouvement citoyen TELEMA Jeune a été parmi les premiers à monter au créneau. Dans un communiqué publié mercredi, la plateforme accuse le ministre d’avoir « trahi l’esprit et la lettre des articles 80 et 146 de la Constitution », lesquels encadrent la moralité et la responsabilité des membres du gouvernement.
« Le maintien de Constant Mutamba à son poste constitue une entorse grave à l’éthique publique. Le respect de la procédure judiciaire engagée par le parquet est indispensable pour restaurer la confiance du peuple », insiste le communiqué.
TELEMA Jeune exige également que le dossier soit traité loin de toute influence politique, appelant à une dépolitisation complète de l’affaire afin de garantir l’indépendance et la crédibilité du système judiciaire congolais.
La justice s’active
Le procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, a adressé une correspondance officielle à l’Assemblée nationale, sollicitant la levée des immunités parlementaires du ministre afin de permettre son audition. Cette démarche marque une avancée décisive vers une instruction en bonne et due forme.
Pour beaucoup d’observateurs, cette demande reflète la volonté du parquet de faire preuve de rigueur, même face à des personnalités de premier plan. Elle représente également une épreuve de vérité pour les institutions parlementaires, souvent accusées de protéger les élites contre les rigueurs de la loi.
Des appels à la démission sans équivoque
Au-delà du cadre judiciaire, l’affaire prend une tournure éminemment politique. Plusieurs organisations de la société civile, des leaders d’opinion et même des députés de la majorité présidentielle s’interrogent ouvertement : comment un ministre de la Justice peut-il rester en fonction alors qu’il fait l’objet de si graves accusations ?
L’affaire Mutamba met à nu les fragilités d’un système où la responsabilité politique est encore trop souvent contournée. Pour beaucoup de Congolais, cette affaire pourrait devenir un test de la sincérité des promesses de réforme et de lutte contre l’impunité faites par les autorités.
L’avenir politique du ministre de la Justice semble désormais suspendu à l’évolution de la procédure judiciaire. En attendant, le doute plane sur la capacité du gouvernement à faire preuve d’exemplarité.
LA REDACTION