Le Burundi rejette l’entrée de Congolais munis de documents émis par l’AFC/M23
Le gouvernement burundais a officiellement interdit l’accès à son territoire à huit ressortissants congolais munis de documents de voyage délivrés par l’Alliance du Fleuve Congo (AFC) et le M23, considérés comme des entités « illégitimes ». Une note signée par le Commissariat général des migrations, datée du 17 mai 2025, confirme ce refus d’entrée.
Parmi les personnes concernées figurent notamment Machumu Mushayuma Gloire Step, Ntumba Kateta Sylvain, et Bruppacher Mambo Marc-W, identifiés dans la notification consultée par la presse.
Les services de l’immigration burundaise reprochent à ces voyageurs congolais d’avoir tenté de franchir la frontière avec des documents estampillés par les autorités de facto mises en place par l’AFC/M23 dans les zones qu’ils contrôlent à l’Est de la République démocratique du Congo, notamment dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Dans un document référencé N° S30/02.06.07/20/2025, les autorités de Bujumbura évoquent l’article 5 du décret-loi N° I/25 du 25 novembre 2021 relatif à la réglementation des migrations, pour justifier leur décision.
La mesure vise huit ressortissants congolais :
- Machumu Mushayuma Gloire Step
- Mambo Inakazirwa Tyty
- Ntumba Kateta Sylvain
- Bwemere Mungwete Josué
- Rhubane Buhinda Jean Bosco
- Kulimushi Buhandja Guillain
- Kulondwa Byenda Jean-Claude
- Bruppacher Mambo Marc-W
Cette décision marque un précédent au sein de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), à laquelle appartiennent tant la RDC que le Burundi. C’est la première fois qu’un État membre rejette formellement des documents émis par des autorités rebelles, renforçant ainsi le refus de reconnaissance politique des structures mises en place par l’AFC/M23.
Cette posture contraste avec le flou entretenu jusqu’ici par certains pays de la sous-région, accusés par Kinshasa de tolérer, voire de soutenir, les activités du M23.
En refusant l’entrée de ces citoyens congolais, le Burundi envoie un message diplomatique clair : il ne reconnaît pas la légitimité administrative de l’AFC/M23, malgré leur contrôle effectif sur plusieurs localités stratégiques à l’Est de la RDC, dont Goma et Bukavu.
Ce geste pourrait accentuer les tensions au sein de l’EAC, où la RDC a déjà exprimé ses frustrations vis-à-vis de l’inaction, voire de la complaisance, de certains États membres face à l’expansion du M23. Il est également perçu comme un soutien implicite aux institutions officielles de Kinshasa dans leur lutte contre la fragmentation de l’autorité nationale.
À travers cette décision, le gouvernement burundais affiche une politique migratoire stricte et alerte ses homologues sur les risques de légitimation indirecte des groupes rebelles via l’usage de documents officiels falsifiés ou non reconnus.
Dans un contexte de guerre hybride où les lignes entre front diplomatique et militaire sont de plus en plus floues, la question de la souveraineté documentaire devient un enjeu central, aussi bien pour la RDC que pour ses voisins.
Rédaction