La première réunion du panel de facilitateurs pour la paix en République démocratique du Congo s’est tenue samedi dans la capitale togolaise, sous l’égide du président Faure Gnassingbé, président du Conseil de la République togolaise et médiateur désigné par l’Union africaine (UA) dans le conflit opposant la RDC au Rwanda. C’est ce qu’a rapporté l’Agence togolaise de presse (Atop), précisant que les travaux visaient à harmoniser les approches diplomatiques africaines face à la crise persistante dans l’Est congolais.
Le panel réuni autour du chef d’État togolais comprend des figures de poids du continent : Olusegun Obasanjo (Nigeria), Uhuru Kenyatta (Kenya), Mokgweetsi Masisi (Botswana), Catherine Samba-Panza (République centrafricaine) et Sahle-Work Zewde (Éthiopie), tous anciens chefs d’État ou de gouvernement. Ensemble, ils se sont engagés à rapprocher les initiatives régionales pour plus d’efficacité.
Une fusion des initiatives de Nairobi et Luanda
La principale avancée de cette rencontre réside dans le consensus autour de la fusion des deux grands processus de paix en cours : celui de Nairobi, porté depuis 2022 par l’ex-président kenyan Uhuru Kenyatta pour traiter la prolifération des groupes armés dans l’Est de la RDC ; et celui de Luanda, piloté depuis novembre 2022 par le président angolais João Lourenço pour désamorcer la crise diplomatique entre Kinshasa et Kigali, sur fond de soutien présumé du Rwanda à la rébellion du M23.
Les facilitateurs ont rappelé l’importance d’une coordination accrue entre la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), les deux organisations régionales au cœur des efforts de pacification. Cette approche unifiée permettrait d’éviter les chevauchements diplomatiques et opérationnels qui ont jusqu’ici limité l’impact des deux processus.
Une réponse à l’échec des efforts passés
Malgré des ambitions initiales claires, le processus de Nairobi n’avait jamais réussi à atteindre une dynamique d’adhésion massive au Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (P-DDRCS), censé absorber les quelque 252 groupes armés locaux et 14 groupes étrangers répertoriés dans la région. Les négociations avec certains groupes s’étaient essoufflées, faute d’engagements crédibles ou de garanties sécuritaires.
Le processus de Luanda, pour sa part, avait connu un revers significatif avec l’annulation, en décembre 2024, du sommet tripartite RDC-Rwanda-Angola, qui devait formaliser un accord de paix. Cette annulation avait été perçue comme un signe d’impasse diplomatique entre Kinshasa et Kigali.
Vers une diplomatie continentale renforcée
Le panel a également insisté sur la nécessité de renforcer les partenariats avec des acteurs internationaux tels que le Qatar et les États-Unis, tout en consolidant le leadership africain dans la résolution de ce conflit. Une feuille de route commune devrait prochainement être adoptée, intégrant les priorités sécuritaires, humanitaires et politiques des deux anciens cadres.
Le sommet conjoint de la SADC et de l’EAC, tenu le 8 février 2025, avait jeté les bases de cette fusion entre les processus, appelant à une action conjointe face à l’enlisement de la situation dans l’Est de la RDC. La réunion de Lomé concrétise cette volonté politique, dans l’espoir d’impulser une dynamique nouvelle en faveur de la paix.
Par la Rédaction