Sud-Kivu : les rebelles du M23 s’emparent de Luciga et progressent vers les mines de Twangiza

 

 

Le territoire de Mwenga, au cœur de la province du Sud-Kivu, a de nouveau été le théâtre d’intenses affrontements armés ce mardi 6 mai. Des combats ont éclaté dans la matinée entre les rebelles de l’AFC/M23 et les combattants Wazalendo, forces d’autodéfense locales, dans la chefferie de Luhwinja.

À l’issue de ces échanges nourris, les éléments du M23 ont pris le contrôle du village de Luciga, après s’être déjà emparés de Lwashanja, marquant une avancée stratégique vers les précieuses installations minières de Twangiza.

Offensive éclair et percée tactique

Selon plusieurs sources locales, les rebelles ont opté pour une stratégie de contournement. Évitant la très surveillée vallée de Luzinzi, ils ont pénétré dans le territoire de Mwenga en passant par Ngando, Chihumba et Kashanga, profitant de la vulnérabilité d’un axe peu défendu à Mparanyi. Cette manœuvre a désorganisé les forces locales et a permis au M23 de progresser rapidement sur plusieurs fronts.

« C’est une percée bien coordonnée. Ils ont évité les routes connues et sont entrés par les failles du dispositif sécuritaire. Les défenses locales ont été prises de court », témoigne un notable de la région.

Expansion territoriale rapide

Une autorité locale, contactée par Les Volcans News, affirme que les rebelles sont désormais présents dans au moins quatre groupements : Luciga, Kabalole, Luduha et Idudwe. Les combattants continueraient de s’y renforcer, en hommes et en munitions, suscitant une vive inquiétude au sein des populations.

« Leur objectif est clair : atteindre les mines de Twangiza. Ils se rapprochent chaque jour un peu plus. Les habitants fuient vers les collines, certains tentent de gagner Bukavu à pied », indique un habitant de Kabalole.

Walungu tombe à son tour

Pendant que l’attention se porte sur Mwenga, le M23 étend également son emprise ailleurs dans la province. Ce même mardi 6 mai, Bertrand Bisimwa, président de l’AFC/M23, a publiquement annoncé la prise du territoire de Walungu, situé à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de Bukavu. Cette annonce marque une avancée sans précédent du groupe rebelle bien au-delà de ses bastions du Nord-Kivu, et inquiète les observateurs sécuritaires.

« Nous contrôlons Walungu, et notre objectif est la sécurisation du peuple congolais », a déclaré Bisimwa dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux affiliés au mouvement.

Crise sécuritaire profonde

La multiplication des offensives de l’AFC/M23 dans le Sud-Kivu traduit une détérioration rapide de la situation sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo. Le silence ou la réaction tardive des autorités provinciales et nationales laisse les communautés locales livrées à elles-mêmes face à une force rebelle bien armée et organisée.

Les sites miniers de Twangiza, opérés par des entreprises multinationales, sont désormais sous menace directe, ce qui pourrait également provoquer une onde de choc économique bien au-delà de la région.