Droits humains en RDC : échanges francs entre l’ambassadeur Ndongala et Amnesty Belgique à Bruxelles

La situation préoccupante des droits humains en République démocratique du Congo, notamment dans l’Est du pays ravagé par les conflits armés, ainsi que la levée du moratoire sur la peine de mort, ont été au centre d’un échange de haut niveau vendredi soir à Bruxelles entre l’ambassadeur congolais au Benelux, Pr Christian Ndongala Nkunku, et la direction d’Amnesty International/Belgique.

L’entretien, qualifié de « constructif et transparent » par les deux parties, visait à éclairer les positions du gouvernement congolais dans un contexte de fortes préoccupations humanitaires.

« Il est vrai que la RDC a choisi de lever le moratoire sur la peine de mort», a reconnu le diplomate congolais, tout en précisant que cette mesure devait être replacée dans un contexte militaire et opérationnel bien spécifique.

Selon lui, la décision vise à renforcer la dissuasion face aux actes de trahison et de désertion signalés dans les rangs des Forces armées de la RDC (FARDC), particulièrement en période de guerre.

« La dissuasion est une posture adoptée pour prévenir et mettre fin à de nombreux cas de désertion, en pleine guerre, parmi certains officiers militaires », a-t-il déclaré, selon un communiqué transmis lundi à l’ACP.

Cependant, le Pr Ndongala a tenu à souligner qu’« aucun cas d’exécution de Congolais n’a été enregistré depuis la levée de ce moratoire en mai 2024», insistant sur le caractère préventif de la décision plutôt que punitif. Il a également salué « l’esprit d’ouverture et de coopération» manifesté par Amnesty/Belgique, soulignant l’importance de tels échanges pour « éclairer l’opinion internationale sur les choix et engagements du gouvernement congolais ».

De leur côté, les représentants d’Amnesty International/Belgique  M. Wies De Graeve (section néerlandophone), Mme Carine Thibaut (section francophone), et M. François Graas (campagne et plaidoyer)  ont exprimé une vive inquiétude quant à la situation dans l’Est de la RDC. Ils ont fermement condamné les atrocités perpétrées par les rebelles du mouvement AFC/M23, qu’ils accusent d’être soutenus par le Rwanda.

« Nous sommes profondément préoccupés par l’ampleur des exactions, des meurtres et des viols de masse commis dans les provinces de l’Est », a déclaré Mme Thibaut, ajoutant que « près de 7,8 millions de personnes sont aujourd’hui déplacées à l’intérieur du pays, dont 3,8 millions uniquement dans les deux Kivu».

Amnesty a également exprimé son opposition à la levée du moratoire sur la peine capitale, qu’elle juge contraire aux principes des droits humains universels.

Malgré les divergences, les deux parties se sont félicitées de la qualité du dialogue.

« Les échanges se sont déroulés dans un esprit constructif et de transparence, illustrant la volonté partagée d’avancer vers une amélioration de la situation humanitaire des populations congolaises », a conclu le communiqué.

La rédaction