RDC : Le collectif de 50 députés nationaux dénonce un “coup d’État institutionnel” après la condamnation de Matata Ponyo

Un tremblement politique agite l’Assemblée nationale après le réquisitoire du ministère public de condamnation, jeudi 24 avril, de l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo à 20 ans de prison par la Cour constitutionnelle. Accusé de détournement de fonds publics dans le cadre du projet controversé du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, Matata Ponyo voit désormais son sort judiciaire déclencher une onde de choc institutionnelle.

Le Collectif de 50 députés nationaux (C50), regroupant des élus de toutes obédiences politiques, monte au créneau et accuse la justice congolaise d’avoir violé les immunités parlementaires de l’un des leurs. Dans une déclaration solennelle rendue publique ce vendredi, les membres du C50 parlent d’un « coup d’État constitutionnel et institutionnel », estimant que le respect du statut de député est aujourd’hui mis à mal.

« Ce qui est arrivé à notre collègue Matata Ponyo est un précédent dangereux. La plénière, souveraine, n’a pas été consultée. Nous assistons à la marginalisation, voire à la disparition programmée du statut de député national », a martelé l’un des porte-parole du collectif.

Immunité piétinée, séparation des pouvoirs en question

Le collectif s’insurge contre ce qu’il qualifie de dérive autoritaire de la justice congolaise. Selon ses membres, le réquisitoire de condamnation de Matata Ponyo aurait été prononcée en violation de la Constitution, notamment l’article garantissant aux députés une immunité fonctionnelle et un juge naturel.

Les députés dénoncent également une justice à deux vitesses : tandis que certains membres du gouvernement ignorent les convocations de l’Assemblée nationale, les parlementaires, eux, seraient livrés à une répression judiciaire « sélective ». Le climat de méfiance s’installe ainsi au sein des institutions.

L’Assemblée en alerte

« Toute procédure judiciaire contre un député sans l’aval de la plénière constitue un outrage à l’Assemblée nationale », déclare le C50, qui appelle ses collègues à une mobilisation républicaine. Pour eux, la Chambre basse doit impérativement rappeler qu’elle est la seule compétente pour lever l’immunité d’un de ses membres.

Au-delà du cas Matata, le C50 alerte sur une érosion progressive de la séparation des pouvoirs, un pilier pourtant fondamental de toute démocratie. Le collectif insiste : cette affaire est moins une question judiciaire qu’une bataille pour l’équilibre institutionnel du pays.

Dans un pays où la tension politique est souvent aussi volcanique que le sol sur lequel il repose, cette sortie du C50 vient ajouter une couche supplémentaire d’instabilité. En arrière-plan, c’est la lutte entre pouvoirs exécutif, judiciaire et législatif qui refait surface, avec des répercussions potentielles sur la crédibilité des institutions.

Si la justice prétend faire son travail, le Parlement, lui, voit dans cette condamnation un signal d’alarme. Et dans ce bras de fer institutionnel, c’est l’État de droit qui vacille.

Rédaction politique, Les Volcans News