Une secousse diplomatique d’ampleur s’est fait ressentir ce vendredi depuis Washington : la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ont franchi une étape décisive dans la désescalade du conflit meurtrier qui secoue les provinces du Nord et Sud-Kivu. En présence du secrétaire d’État américain Marco Rubio, les deux pays ont paraphé une déclaration de principes ouvrant la voie à un accord de paix durable.
Depuis plusieurs années, les relations entre Kinshasa et Kigali sont tendues, notamment à cause des accusations récurrentes portées par la RDC contre son voisin. Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement les rebelles de l’AFC/M23, groupe armé opérant dans l’est du Congo des allégations que Kigali continue de rejeter fermement. Malgré ce climat de défiance, un tournant diplomatique s’est amorcé.
La ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, et son homologue rwandais, Olivier Nduhungirehe, ont tous deux signé cette déclaration dans les salons feutrés du Département d’État américain. Pour Marco Rubio, cet engagement bilatéral représente « une avancée majeure pour une paix durable » et traduit « la volonté des États-Unis de soutenir des résultats gagnant-gagnant pour tous les acteurs ».
Une feuille de route en six points clés
Les principes énoncés dans cette déclaration reposent sur six axes jugés cruciaux pour un apaisement durable :
- Reconnaissance mutuelle de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, fondement de toute coopération régionale stable.
- Prise en compte des préoccupations sécuritaires, afin de limiter les incursions et désamorcer les tensions armées.
- Promotion de l’intégration économique régionale, comme levier de stabilité et de prospérité.
- Facilitation du retour des personnes déplacées, estimées à plusieurs centaines de milliers dans les zones de conflit.
- Soutien renforcé à la MONUSCO, la mission onusienne présente sur le terrain depuis plus de deux décennies.
- Élaboration d’un accord de paix formel, censé sceller juridiquement les engagements pris.
Un terrain encore instable
Ce rapprochement diplomatique intervient dans un contexte régional hautement inflammable. Depuis des mois, la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe), ainsi que le Qatar à travers le processus de Doha, multiplient les initiatives pour freiner l’engrenage de la violence. Les résultats restent fragiles, et la réalité sur le terrain rappelle à tous que la paix ne se décrète pas, elle se construit pas à pas.
Dans les montagnes des Kivu, les affrontements entre groupes armés et forces régulières n’ont pas cessé. Les populations civiles, premières victimes de ce conflit, attendent que les mots échangés à Washington se traduisent enfin en actes concrets.
Si la signature de cette déclaration marque une avancée diplomatique inédite, elle s’apparente davantage à l’ouverture d’un chapitre qu’à la fin du livre. Le volcan de la méfiance, alimenté par des décennies de rivalités, reste actif. Mais ce vendredi, une fissure s’est ouverte, laissant entrevoir la possibilité d’un apaisement. Encore faut-il que les vents géopolitiques restent favorables.
– Rédaction