À l’occasion du centenaire du Parc national des Virunga, célébré ce lundi à Beni, Emmanuel de Merode, directeur provincial de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) et chef de site du parc, a dressé un bilan optimiste, malgré les immenses défis sécuritaires auxquels fait face cette aire protégée classée patrimoine mondial de l’UNESCO.
Face au gouverneur militaire du Nord-Kivu, le général major Evariste Kakule Somo, et à un public venu nombreux, De Merode a salué les efforts de conservation menés depuis la création du parc en 1925.
> « Bien que plus de 50 % du parc de Virunga soit sous occupation du M23, des ADF, des Maï-Maï et des FDLR, il n’y a eu aucune disparition d’espèce recensée en cent ans », a-t-il déclaré. « Nous enregistrons une croissance annuelle de 4,5 % des gorilles, 554 éléphants ont été recensés en 2024 – un record depuis 40 ans –, et 125 kilomètres de clôtures électriques ont été installés pour faciliter la cohabitation homme/faune », a-t-il ajouté avec fierté.
Il a également rappelé que le parc avait attiré jusqu’à 15 000 visiteurs en 2015, avant que la situation sécuritaire ne se dégrade, tout en soulignant l’importance de l’implication des populations locales dans la gestion et la préservation du site.
« Le parc des Virunga est devenu une première destination touristique en RDC. Il a toujours fait participer la population à la protection de ce patrimoine », a souligné De Merode.
De son côté, le gouverneur militaire, à l’origine de cette initiative commémorative, a réaffirmé son engagement à lutter contre toutes les formes d’atteinte à la sécurité du parc.
« Nous devons faire de notre mieux pour cette année consacrée au centenaire du Parc national de Virunga », a déclaré le général major Kakule Somo.
« Ce parc est d’abord un bien des Congolais avant d’être un patrimoine mondial. Il faut que toutes les couches sociales s’approprient sa protection. »
Cependant, cette célébration intervient dans un contexte extrêmement tendu. Le parc fait face à des pressions multiples : une forte densité démographique, des activités agricoles qui empiètent sur les zones protégées, une pêche souvent illégale dans le Lac Édouard, la coupe de bois, le braconnage, ainsi que la production de charbon à l’intérieur même du parc. Ces menaces sont aggravées par la pauvreté extrême des communautés riveraines et la faiblesse de l’application des lois environnementales.
Selon des sources environnementales, ces défis pourraient compromettre les acquis de la conservation si des mesures urgentes ne sont pas prises pour renforcer la protection du parc.
À 100 ans, le Parc national des Virunga reste un symbole de résilience et d’espoir, mais son avenir dépendra de la paix, du soutien communautaire et d’un engagement politique fort à tous les niveaux.
La rédaction