La commémoration du 31ème anniversaire du génocide des Tutsis au Rwanda s’est tenue samedi à Liège dans un climat de froideur institutionnelle inédit. Pour la première fois depuis des années, la cérémonie s’est déroulée sans aucun représentant de la ville, ni de l’État rwandais, sur fond de tensions diplomatiques croissantes entre la Belgique et le Rwanda.
Environ 200 personnes, membres et sympathisants de la communauté rwandaise de Belgique, se sont rassemblées au Parc d’Avroy, devant la stèle du souvenir, dans un moment de recueillement digne mais chargé de symbolique. L’absence remarquée des autorités locales tranche avec les éditions précédentes.
« L’année passée, cette commémoration avait été célébrée en grande pompe à l’hôtel de ville avec les autorités communales », a rappelé la RTBF dans son reportage.
Cette année, aucun représentant politique officiel n’a fait le déplacement, à l’exception d’une conseillère communale Écolo issue de l’opposition. Un choix assumé par la ville de Liège, qui a justifié son absence par souci d’apaisement : « Il n’existe aucun malaise avec la communauté rwandaise, mais nous voulons éviter d’attiser les tensions et d’importer à Liège les conflits internationaux qui opposent Congolais et Rwandais », a déclaré la commune.
La décision s’inscrit dans un contexte diplomatique tendu entre Bruxelles et Kigali.
« La rupture des relations diplomatiques entre le Rwanda et la Belgique s’explique notamment par la situation dans la région des Grands Lacs », a relevé la radiotélévision francophone belge.
Les accusations d’agression du Rwanda contre la République démocratique du Congo ont ravivé des fractures géopolitiques que certains craignent de voir rejaillir sur le sol européen.
Autre fait marquant : l’absence d’un représentant officiel de l’État rwandais à la cérémonie, contrairement aux années précédentes. Ce silence diplomatique, aussi bien côté belge que rwandais, donne un ton particulier à une commémoration qui, tout en gardant son caractère solennel, semble désormais orpheline de l’appui institutionnel qui l’entourait.
Malgré cela, la communauté rwandaise a tenu à maintenir ce devoir de mémoire, dans le respect et la dignité.
« Ce n’est pas une question de politique, c’est une question d’humanité et de souvenir », a confié l’un des participants, visiblement ému.
Alors que les tensions régionales pèsent sur les relations bilatérales, la mémoire, elle, persiste, portée par ceux qui refusent l’oubli.
Par Les Volcans News