La question de l’état de siège continue de diviser l’opinion publique et de susciter des interrogations parmi les représentants du peuple. Lors de la plénière du 4 avril à l’Assemblée nationale, consacrée à la programmation de l’état de siège, la députée provinciale élue de Walikale, Nafisa Ramanzani, a exprimé son désarroi face à l’inégalité de traitement des provinces affectées par l’agression armée dans l’est de la République Démocratique du Congo.
« Je ne peux m’empêcher de me demander si nous sommes réellement dans un même pays, tant les réalités semblent différentes d’une province à l’autre », a lancé Nafisa Ramanzani.
Pour elle, les mesures prises pour gérer l’état de siège semblent ignorer certaines provinces, en particulier le Sud-Kivu.
« Trois provinces sont aujourd’hui affectées par cette agression, mais les mesures prises ne concernent toujours que deux d’entre elles : le Nord-Kivu et l’Ituri. Pourquoi cette différence de traitement ? Pourquoi le Sud-Kivu, également touché par la guerre, voit-il ses députés provinciaux continuer à siéger, alors que ceux du Nord-Kivu et de l’Ituri en sont privés ? », s’est-elle interrogée.
L’élue de Walikale a dénoncé la disparité de traitement entre les députés provinciaux des différentes régions affectées.
« Cette disparité est incompréhensible et profondément injuste. Les députés provinciaux des provinces concernées sont aussi des élus du peuple, tout comme leurs homologues d’autres régions du pays. Pourtant, ils ne bénéficient ni de la reconnaissance ni du soutien des autorités centrales », a-t-elle souligné, regrettant le manque de soutien accordé aux élus du Nord-Kivu, qui, selon elle, n’ont jamais été soutenus depuis leur élection.
Ramanzani a aussi évoqué la situation des patriotes Wazalendo, les forces armées congolaises, qui, malgré leur engagement à défendre l’intégrité du territoire, manquent cruellement de ressources.
« Les patriotes Wazalendo continuent de démontrer leur engagement à défendre l’intégrité du territoire national, mais ils manquent toujours de rations et de munitions. Chers députés nationaux, combien de temps encore allez-vous rester silencieux face à cette situation ? Il est impératif d’interpeller le ministre de tutelle afin qu’une solution durable soit enfin trouvée », a-t-elle exhorté, appelant les autorités à une action plus décisive.
L’élue a également attiré l’attention sur la situation humanitaire qui se détériore dans le Nord-Kivu. « Si la diplomatie congolaise est en marche, il ne faut pas oublier qu’un grave problème humanitaire et sécuritaire persiste sur l’ensemble de la province du Nord-Kivu. Il est urgent d’agir pour sauver des vies avant tout. Ce calvaire doit prendre fin afin que la vie puisse reprendre normalement dans toute la province », a insisté Nafisa Ramanzani, insistant sur la nécessité d’une réponse urgente pour résoudre cette crise.
« Les députés nationaux doivent être évalués par leur base, non seulement en fonction de leur présence à l’Assemblée nationale, mais aussi par les interventions qu’ils y mènent pour défendre la cause de leurs provinces. Le peuple observe et jugera. »
L’état de siège prorogé sans changement
Malheureusement, l’appel de la députée n’a pas trouvé un écho favorable dans le camp législatif. Le vendredi suivant, les sénateurs de la République Démocratique du Congo ont voté, pour la 95ème fois consécutive, le projet de loi portant autorisation de l’état de siège en Ituri et au Nord-Kivu. Ce vote a été soutenu par 74 sénateurs, avec aucune voix contre ni abstention.
L’exposé du projet de loi a été présenté par Samuel Mbemba, vice-ministre de la Justice. Il a rappelé que l’objectif de cet état de siège est de « mettre fin à l’activisme des groupes armés nationaux et étrangers, notamment les rebelles de l’AFC/M 23 soutenus par le Rwanda ». Ce texte a été adopté à l’Assemblée nationale avant d’être transmis au Président de la République pour promulgation.
Le vice-ministre a souligné que tant que l’objectif de restaurer la paix n’est pas atteint, l’état de siège doit être prorogé conformément à la Constitution. Cependant, l’attente de résultats tangibles reste une préoccupation majeure pour les citoyens des zones touchées, qui subissent chaque jour les affres de la guerre.
La rédaction