Kasindi : les faux géomètres au cœur du phénomène Minembwe dans les quartiers Congo ya Sika et Mapathi

Le partage équitable des terres entre tous les occupants des quartiers Congo ya Sika et Mapathi, situés dans une zone en post-conflit avec l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN), concernant les éventuels envahissements du Parc National des Virunga (PNVI), en groupement Basongora dans le secteur de Ruwenzori, suscite des désaccords au sein de la population locale.

« Plusieurs personnes se plaignent de l’empiétement de leurs limites parcellaires. Cela entraîne fréquemment des conflits entre voisins, en particulier dans ces quartiers récemment habités, notamment Congo ya Sika et Mapathi, à Kasindi, dans le territoire de Beni« , a indiqué M. Jadet Butsapo, coordonnateur de la société civile du Congo (SOCICO) à Kasindi, à lesvolcansnews.net.

Les pratiques de spéculation foncière, d’escroqueries et de trafic d’influence gangrènent cette région sensible de l’Est de la République Démocratique du Congo. L’apparition de géomètres dits « experts » qui interviennent au niveau des cellules des quartiers mentionnés, sans aucune légitimité, sans diplôme en géométrie, et non affectés dans un service technique d’État, aggrave le phénomène Minembwe. Ce phénomène fait référence à l’acquisition de portions de terre après un mesurage parcellaire, au prétexte d’une expropriation pour cause d’utilité publique, mais qui, malheureusement, se transforme en une vente clandestine à des particuliers, au détriment des principes fondamentaux des autorités de l’État de siège en vigueur au Nord-Kivu.

« Dans la plupart des cas, celui qui occupe un terrain en second lieu a tendance à dépasser ses limites parcellaires de manière intentionnelle ou à s’approprier une parcelle appartenant à un autre acquéreur », s’est indigné un habitant du quartier Congo ya Sika, qui a récemment déposé une plainte auprès de l’Agence Nationale de Renseignements (ANR), au poste frontalier de Kasindi.

Cette situation est souvent rendue possible en complicité avec certains anciens membres de la commission ad hoc, qui avait été mise en place par le défunt Gouverneur militaire du Nord-Kivu, le Général Major Peter Cirimwami. Cela engendre des conflits récurrents entre voisins, impliquant la responsabilité de certains chefs de base.

En toute transparence, ce type de confusion se propage principalement à cause des prétendus géomètres, dits « membres » de la commission ad hoc, responsables du mesurage, du piquetage et du bornage officiel des terres en collaboration avec les services compétents. Ce sont eux qui orchestrent en réalité les incompréhensions.

Ainsi, l’ensemble de ces conflits locaux reflète les fortes revendications d’appropriation des terres et l’installation temporaire des propriétaires de parcelles pour tenter d’éradiquer ces manœuvres dilatoires.

La multiplication des conflits liés à l’aménagement des terres, ainsi que l’absence quasi totale d’une loi régissant la désaffectation d’une portion du Parc National des Virunga (PNVI), sont des sujets préoccupants depuis 2013. En réalité, un géomètre qui procède à un bornage doit préalablement s’entourer de toutes les indications lui permettant de connaître les limites exactes de la parcelle.

« La divagation des géomètres non assermentés constitue un réel danger pour notre communauté. Ces clandestins effectuent les délimitations des terrains en déplaçant les piquets de la commission ad hoc, en s’entourant de toutes les indications nécessaires pour fixer la délimitation du terrain, parfois en modifiant les mesures de 17 à 18 mètres sur 20, voire de 6 à 10 mètres sur 20, toujours au nom du phénomène Minembwe, en bafouant parfois les espaces publics de l’État congolais », a déploré Mbema Bwana Ndeke Bin Irimangoma, Président de la société civile Forces Vives du groupement Basongora.

Il convient de rappeler qu’au début du mois, quelques usurpateurs se faisant passer pour des géomètres ont été arrêtés par l’OPJ Tonton dans le quartier Congo ya Sika. Ce cas a été rapporté aux structures citoyennes locales.

Il est important de souligner que les limites des terres sont définies soit par des alignements droits entre deux bornes (limites conventionnelles), soit par des limites naturelles. La destruction des outils de délimitation des parcelles constitue une infraction pénale irréversible.

PAUL ZAÏDI