Kasindi : « je garde ma moralité après 12 ans de veuvage » (témoignage)



Les années qui suivent le décès du conjoint présentent généralement plusieurs caractéristiques notables, parmi lesquelles : la sidération, le déni, la révolte, la dépression avec ses altérations somatiques, intellectuelles et affectives. Ces épreuves semblent particulièrement difficiles à surmonter.



Cependant, l’une des femmes de l’agglomération frontalière de Kasindi, située à 80 kilomètres de la ville cosmopolite de Beni, au Nord-Kivu, à l’Est de la République Démocratique du Congo, a décidé de prendre les taureaux par les cornes en s’adaptant positivement à sa nouvelle situation.

« Au-delà des rituels familiaux qui canalisent l’expression des émotions et des influences au sein de notre communauté, en vue de se remarier pour tenter de joindre les deux bouts du mois, je préfère garder ma moralité après 12 ans de veuvage. C’est un honneur pour mes 3 enfants, par conscience individuelle et par la nostalgie d’amour que j’avais envers leur père de son vivant », a témoigné Rebecca Vihamba, une veuve qui s’est confiée, le samedi 15 mars, à lesvolcansnews.net.

L’autonomisation des valeurs féminines

Le courage de prendre son destin en main impose certaines attitudes audacieuses qui influencent l’appréhension de l’opinion publique. Bien que les veuves soient souvent confrontées à des difficultés parfois insurmontables, telles que l’impression de vide dans la maison, faisant écho à un sentiment de solitude intérieure, certaines parviennent à surmonter ces épreuves.

« J’ai catégoriquement refusé de marchander mon corps pour assurer la survie de mes enfants, contrairement à certaines femmes qui se laissent faire. C’est pourquoi, je me débrouille au quotidien à travers certaines activités génératrices de revenus. Ce n’est pas facile, mais Dieu fait grâce. J’achète des chèvres en Ouganda voisin et je les vends les mardis et vendredis, deux jours réservés au marché transfrontalier », a-t-elle ajouté.

Une nouvelle identité valorisée

La transformation identitaire, le défi de donner un sens à la vie après la perte du conjoint et la réorganisation de la vie après cette épreuve ne sont pas l’apanage de toutes les femmes. Cependant, certaines font preuve d’une résilience remarquable, malgré les préjugés et jugements émis par l’opinion publique.

« Vraiment, les « coups de main » apportés jadis par le père de mes enfants pendant la vie conjugale résonnent encore dans mon esprit. Ses souvenirs joyeux résonnent dans mon cœur, et ses caresses et autres gestes de tendresse me manquent. Pour ne pas ridiculiser mon être et pour maintenir le respect que mes enfants manifestent à mon égard, j’accepte délibérément mon état actuel et je me maîtrise à chaque fois que mon corps dérange », a-t-elle conclu.

À l’exception de quelques cas rares, ce type de femme n’est pas souvent perceptible dans la jeune génération, tourmentée par les fléaux de la mondialisation et l’incrédulité à la vie spirituelle. La vie de veuve résulte d’une épreuve vitale à haut risque, car le rythme du passé ne revient ni facilement ni rapidement.

PAUL ZAÏDI