Dans son communiqué de presse de ce jeudi 13 mars, le ministre de l’Éducation nationale de la République Démocratique du Congo (RDC) a fait un état des lieux accablant concernant la situation de l’éducation dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. La guerre d’agression imposée par le Rwanda et ses supplétifs du M23 continue d’avoir des effets dévastateurs sur l’accès à l’éducation des enfants congolais dans ces régions.
Nord-Kivu : des écoles fermées et détruites
Dans la province du Nord-Kivu, la situation reste critique, avec 692 écoles fermées, privant ainsi 471 183 enfants de leur droit à l’éducation. Le ministre a précisé que parmi ces établissements, 35 ont été détruits, 45 sont sans mobilier scolaire et 3 sont occupées par des groupes armés. L’ampleur de la destruction rend impossible une réhabilitation immédiate des infrastructures scolaires.
« Ces destructions ciblées visent à compromettre l’avenir de nos enfants. Nous devons impérativement agir pour que l’éducation reste un droit inaliénable, même en période de guerre », a déclaré le ministre dans son communiqué.
Sud-Kivu : une crise éducative profonde
La situation est tout aussi désastreuse dans le Sud-Kivu. Pas moins de 1 428 707 enfants, dont 49 % de filles, sont désormais en rupture de scolarité. Le ministre a souligné que, parmi ces enfants, 1 619 finalistes ont été contraints de se réinscrire dans d’autres provinces pour poursuivre leur scolarité. De plus, 5 235 écoles sont actuellement fermées, avec des établissements secondaires, primaires et maternels touchés.
En détaillant l’ampleur des dégâts, il a mentionné que dans la sous-division de Kalehe, 840 salles de classe avaient été utilisées pour héberger les déplacés, tandis que 536 salles de classe ont été entièrement détruites par des bombes. L’occupation de nombreuses écoles par des groupes armés et les déplacés internes rend toute reprise des cours impossible pour 48 714 élèves, dont 19 486 filles.
Les dommages matériels sont également considérables. Plus de 21 000 pupitres ont été brûlés, près de 13 200 manuels scolaires détruits et des équipements didactiques volés ou endommagés. « L’éducation dans cette région est sérieusement compromise. Il est impératif de restaurer l’accès aux écoles et de protéger les élèves et enseignants contre cette violence aveugle », a ajouté le ministre.
Les territoires insulaires et ruraux ne sont pas épargnés
Dans le territoire insulaire de Idjwi, bien que les combats n’aient pas directement affecté la région, l’afflux massif de déplacés internes provenant des zones occupées par le M23 a eu des conséquences dramatiques sur les infrastructures éducatives. Au total, 28 écoles, dont 8 secondaires et 20 primaires, sont occupées par les déplacés, affectant directement 10 227 élèves, dont près de 5 000 filles.
La situation dans la sous-division de Kabare 2 est également alarmante, avec 5 écoles primaires sous occupation armée et 10 autres servant de refuges pour les déplacés. Les destructions sont multiples, avec des salles de classe complètement anéanties, des pupitres brûlés et des manuels scolaires réduits en cendres.
une mobilisation urgente pour sauver l’avenir des enfants
Face à ce tableau dramatique, le ministère de l’Éducation nationale a lancé un appel à la mobilisation. Le ministre a assuré que son département travaille en étroite collaboration avec les partenaires pour trouver des solutions d’urgence, telles que la réinscription des élèves déplacés dans des écoles d’accueil et la mise en place d’alternatives pédagogiques.
« La protection des écoles et la reconstruction des infrastructures scolaires détruites restent une priorité. Nous devons également mettre en place un soutien psychosocial pour les élèves affectés par cette crise », a affirmé le ministre.
Le ministère a rappelé que l’éducation ne doit jamais être une cible de guerre. « Nous devons préserver l’accès à l’éducation, même en période de conflit. L’avenir de nos enfants et la stabilité de notre nation en dépendent« , a-t-il conclu.
État de l’éducation dans les kivus : Une situation détériorée sous l’impact de la guerre
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