Afrique : l’impuissance de l’UA se manifeste à l’Est de la RDC

 

Alors que la précarité sécuritaire s’aggrave dans la partie orientale de la République Démocratique du Congo, l’incertitude plane sur les capacités opérationnelles du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) en ce qui concerne l’accélération du processus de paix dans la région des Grands Lacs, notamment entre la RD Congo et le Rwanda.

Les rivalités extrêmes entre le régime de Kinshasa et celui de Kigali alimentent un conflit complexe, à la fois très perceptible et marqué par plusieurs enjeux identitaires, sociaux et économiques à une échelle variée.

Lors du 38e sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’UA, qui s’est tenu le 14 février dernier, aucune mesure concrète n’a été prise pour mettre en place un plan destiné à protéger les civils, y compris les défenseurs des droits humains et les journalistes, et pour exiger que les auteurs d’abus rendent des comptes.

Les conflits chroniques en Afrique centrale mettent en lumière l’incapacité radicale de l’Union Africaine à établir un lien entre, d’une part, les transformations de l’environnement politico-économique dans la région des Grands Lacs, et d’autre part, les enjeux internationaux multiples ainsi que les déficiences de gouvernance des pays touchés par des crises récurrentes.

Les résolutions priorisées par cette institution multilatérale témoignent de l’insuffisance de l’approche en matière de protection des minorités ethniques et d’une réticence à optimiser les accords bilatéraux, ce qui aggrave une situation sécuritaire déjà chaotique.

La situation humanitaire se détériore ; les menaces croissantes contre les populations vulnérables se multiplient dans les provinces de l’Ituri, du Sud-Kivu et du Nord-Kivu. La crise bénéficie seulement d’un degré symbolique d’attention à travers des messages de compassion pour un peuple meurtri. Pourtant, aucune sanction ferme n’est prise à l’égard des belligérants.

Par hypocrisie diplomatique, les dirigeants de l’Union Africaine continuent de proposer un plan de paix unifié et des efforts pour la reddition des comptes via un dialogue préfabriqué, mais en réalité, cela demeure un mythe phénoménal du 21e siècle. En effet, les dynamiques cruciales alimentant et amplifiant l’insécurité en RDC sont liées aux ressources naturelles, dont le marché irrégulier est contrôlé par des barons du capitalisme américano-européen.

En observant la situation de manière plus globale, on constate que les leaders africains ne parviennent pas véritablement à exploiter les opportunités politiques pour exercer une pression maximale sur les circuits militaires.

Pour la population civile congolaise, qui est victime d’abus de la part de toutes les parties prenantes dans cette guerre incessante à l’Est de la RDC, aucune action décisive n’a été prise. Les vies humaines continuent d’être fauchées sous leurs yeux.

Paul ZAÏDI

Chercheur en journalisme, communication politique et sociale