Alors que la République Démocratique du Congo et d’autres pays de la sous-région font face à une épidémie de variole du singe (M-Pox), déclarée urgence de santé publique internationale par l’OMS en Aout dernier, le chercheur et expert environnemental, Faustin Nyebone, prévient l’opinion sur le lien entre les maladies zoonotiques qui sévissent en RDC et la destruction de l’environnement. L’environnementaliste tente de susciter la conscience pour changer la donne.
Les données officielles du ministère de la santé font état de plus de 548 morts et des milliers des cas de variole du singe répertoriés en RDC depuis janvier dernier. La tendance de l’épidémie est inquiétante car elle a touché pour le moment presque toutes les 26 provinces du pays. Aux côtés des efforts du gouvernement congolais à l’éradiquer, se mobilisent de plus en plus d’acteurs d’autres domaines. A leur niveau, les environnementalistes attribuent cette énième épidémie à la pression que l’homme exerce sur l’environnement en RDC et propose la rigueur dans l’application de la loi sur la préservation de l’environnement. ‘’Dans la nature, les virus, les bactéries vivent parfois en symbiose avec les animaux sauvages, soit en parasite. Ces parasites ont leurs conditions écologiques qui favorisent leur développement. Imaginez-vous donc là où il faisait froid il commence à faire chaud. Il y’aura la prolifération de ces parasites ou virus car le froid qui arrête parfois le développement des bactéries, des virus n’est plus-là, ou encore si les animaux, le sol dans lequel ils vivaient ne sont plus-là’’, explique l’expert environnementaliste, Faustin Nyebone.
De la prolifération des virus ou des parasites, il y’a éclosion des maladies comme la variole du singe, rebaptisée M-Pox par l’OMS, ajoute Faustin Nyebone. ‘’Quand les animaux qui vivaient dans un endroit où ils faisaient froid, à cause de la chaleur par exemple, ils vont migrer, laissant des bactéries ou des virus. Ces derniers vont chercher à leur tour de nouveaux hôtes et souvent des êtres humains. C’est en ce moment que se développent de nouvelles maladies d’origine zoonotique comme la variole du singe’’, fait-il observer.
La RDC connait des phases d’épidémies causées par des maladies zoonotiques depuis son indépendance en 1960, en raison des activités humaines dans les forêts. A part la variole du singe, il y’a l’Ebola qui déclenche régulièrement des épidémies. La plus dévastatrice a été celle de 2018 à 2020 qui a tué 2287 personnes et atteint 3 470 autres, notamment dans la province du Nord-Kivu, dans l’Est du pays.
La pression de l’homme sur la nature, un phénomène en RDC
La RDC rencontre une explosion démographique qui s’accompagne de la recherche de nouvelles terres à habiter, pour les nouvelles populations. Ce problème social s’illustre bien par les conflits incessants entre le parc national des Virunga et les populations riveraines. Il y’a dans les cours et tribunaux du Nord-Kivu et de la RDC plusieurs procès car la population veut avoir le droit de construire et de cultiver dans le parc, malgré les restrictions légales qui entendent préserver cette aire protégée et déclarée patrimoine mondial de l’humanité.
En Mai 2023, plus de 400 morts et près de 5000 portés disparus ont été rapportés dans les localités de Bushushu et Nyamukubi en territoire de Kalehe, dans la province du Sud-Kivu. En cause, une catastrophe à la suite d’une forte pluie sur la région. Les eaux ruisselantes ont rasé ces localités construites sur le lit d’une ancienne rivière. En plus, les habitants de Bushushu et Nyamukubi avaient déjà coupé presque tous les arbres qui servaient à prévenir le risque de débordement des eaux après les pluies, ont déploré les environnementalistes. A la dévastation des arbres à Bushushu et Nyamukubi s’ajoute le cas des localités de la province du Nord-Kivu où les arbres ont été coupés par les rebelles dans le parc des Virunga et par les populations déplacées de guerre, à la recherche des bois de chauffe. ‘’A Rwindi, il y’a beaucoup de pertes de la biodiversité. Il n’y a plus certaines espèces d’animaux qui ont fuient à cause de la hausse de la chaleur dans cette partie du parc où des bois ont été coupés’’, explique Jubilé Kasay, activiste environnemental de Goma.
Par Frédéric Feruzi
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