Le Tribunal Militaire de Garnison de Goma a rendu son verdict ce mercredi 18 septembre 2024 dans une affaire qui a secoué la communauté de Nyiragongo. Un militaire d’autodéfense, David Biyoki, a été condamné à la peine de mort pour l’assassinat de Christian Bahire, un élève de l’Institut Mugara, tué le 11 septembre dernier en pleine salle de classe. Deux autres prévenus, Bosco Bahati Twagire et le Colonel Muzalendo Bakambwe Bosco, alias « Ram’s », ont été acquittés.
*Un meurtre en pleine classe*
Les faits remontent au 11 septembre 2024, lorsque Christian Bahire, élève de la 7ème année secondaire de l’Institut Mugara, a été tué par balle alors qu’il suivait un cours de dessin. Deux autres élèves, Muhindo N’simire et Nyiramugusha Buguma, ont été grièvement blessés et sont toujours hospitalisés à l’hôpital CBCA Bethesda. Le drame a suscité une vague d’émotion, notamment dans la communauté de Kibati, dans le territoire de Nyiragongo.
*Un procès en flagrance*
L’affaire a été jugée en procédure de flagrance lors d’audiences foraines tenues dans la cour de l’Institut Mugara, lieu même du drame. Le tribunal a condamné David Biyoki à la double peine de mort pour assassinat et tentative de meurtre. Il a également été condamné à 10 ans de servitude pénale pour dissipation de munitions de guerre et à une amende de 50 000 dollars américains, à payer en francs congolais, au titre de réparation au profit de l’État congolais. Le tribunal a saisi deux armes AK-47, dont une marquée « CDFA », qui auraient servi lors de l’incident.
*Une enquête aux ramifications complexes*
Selon le ministère public, ce meurtre aurait été prémédité. Le prévenu David Biyoki aurait été utilisé par son commandant le Colonel Muzalendo Bakambwe Bosco, étant cousin du défunt Christian Bahire pour l’executer, dans ce qui semble être un conflit de longue date impliquant la famille Rubeni Kamundu. En novembre 2023, le père de Christian, Xavier Kamundu, chef du village, avait été assassiné dans des circonstances similaires. Le ministère public a également rappelé d’autres incidents visant la famille, dont le kidnapping de Shamara Kamundu, libéré après paiement d’une rançon.
*Défense et réquisitions*
La partie civile a réclamé une réparation de 5 millions de dollars américains pour la famille de la victime, tandis que le ministère public a requis la peine de mort pour les trois prévenus. Cependant, la défense a plaidé l’innocence des deux prévenus acquittés, arguant que le Colonel Muzalendo Bakambwe et son escorte, Bahati Twagire, n’étaient pas responsables du tir. Elle a également souligné que David Biyoki, recruté il y a à peine deux mois dans la milice d’autodéfense, n’avait pas reçu d’ordre explicite pour ouvrir le feu.
*Acquittements et condamnation*
Après examen des faits, le tribunal a jugé que seul David Biyoki portait la responsabilité directe du meurtre et des blessures infligées. En conséquence, Bahati Twagire et le Colonel Muzalendo Bakambwe Bosco ont été acquittés. Biyoki, quant à lui, a plaidé coupable et s’est dit prêt à payer la somme requise pour les réparations.
*Un soutien pour les victimes*
Le procès a bénéficié du soutien du Fonds National de Réparation des Victimes de Violences Sexuelles et des Victimes de Crimes contre la Paix et la Sécurité de l’Humanité (FONAREV), un établissement public placé sous la tutelle du ministère des droits humains.
Magloire MUTULWA
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