La ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu à l’est de la République démocratique du Congo, traverse une journée sous haute tension ce lundi 2 septembre 2024. Des manifestations contre la présence des forces kényanes au sein de la Mission des Nations Unies en RDC (Monusco), un boycott de la rentrée scolaire par les enseignants, ainsi que des funérailles collectives de 200 victimes du conflit armé qualifié d’« agression rwandaise » par le gouvernement congolais, contribuent à créer une atmosphère de confusion et de perturbation.
Manifestations contre le contingent kényan
Un collectif de mouvements citoyens et de groupes de pression a décrété une journée « ville morte » pour protester contre le déploiement des forces kényanes au sein de la Monusco au Nord-Kivu. Ces groupes accusent les forces kényanes de complicité avec les rebelles de l’Alliance Fleuve Congo-M23, désignés par le gouvernement congolais comme responsables de l’agression en cours. Dès la soirée du dimanche 1er septembre, des barricades ont été érigées dans plusieurs quartiers de Goma, notamment à Mutinga, Katoyi, Majengo, et Ndosho, et des pierres ont été placées sur la chaussée pour perturber la circulation.
Ce lundi matin, la ville se réveille dans une situation tendue avec une présence policière renforcée dans les points chauds. Bien que la circulation reste timide, elle est cependant présente, contrairement aux attentes des habitants qui redoutaient le pire. De nombreuses boutiques sont restées fermées, particulièrement dans le nord de la ville, et les déplacements sont compliqués par les barricades sur les routes, rendant difficile l’accès à certaines zones, comme Ndosho et Katoyi.
Une rentrée scolaire perturbée par le boycott des enseignants
La rentrée scolaire, prévue ce lundi, a été largement perturbée par le boycott des enseignants du Nord-Kivu, réunis au sein des syndicats Syeco et Fosynat. Ces derniers protestent contre leurs conditions de travail précaires et réclament un salaire minimum de 500 dollars américains. Dans certaines parties de Goma, notamment à l’ouest, quelques écoles ont rouvert leurs portes de manière timide, mais l’atmosphère reste tendue. Dans les rues, les uniformes bleus et blancs des écoliers sont rares, les parents ayant préféré garder leurs enfants à la maison par mesure de sécurité.
Inhumation de 200 victimes du conflit armé
Pendant ce temps, au Stade de l’Unité, situé dans la commune de Karisimbi, la cérémonie d’inhumation de 200 victimes déplacées du conflit, qualifié d’« agression rwandaise » par le gouvernement congolais, se tient sous haute surveillance. Ces personnes, selon les autorités provinciales, ont été tuées par les rebelles de l’Alliance Fleuve Congo-M23, soutenus par le Rwanda. Le gouvernement congolais accuse ces groupes armés d’être responsables de nombreuses pertes humaines et d’avoir causé des souffrances incommensurables à la population locale.
La cérémonie d’inhumation, organisée par le Service Provincial du Protocole d’État, a attiré de nombreuses autorités nationales et locales, dont des représentants des Nations Unies, de la Monusco, et d’organisations internationales. Elle vise à rendre hommage aux victimes et à exprimer la solidarité de la communauté internationale face à la violence persistante dans la région.
Vers une reprise incertaine des activités à Goma
Malgré la présence visible des forces de sécurité et le suivi de la situation par les autorités locales et nationales, les activités économiques et sociales restent marquées par de grandes perturbations. Tandis que la situation évolue lentement, il n’y a pas eu de manifestations violentes ce matin, laissant espérer un retour progressif à la normale.
Magloire MUTULWA
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