Nord-Kivu : Réunis par le barza intercommunautaire à Sake, les leaders de Masisi s’engagent à chasser le démon tribal

Plusieurs leaders communautaires du territoire de Masisi, réunis à Sake, dans le groupement Kamuronza en chefferie des Bahunde, par le Barza intercommunautaire du Nord-Kivu, mercredi 03 janvier 2024, ont décidé de s’unir comme un seul homme afin de barrer la route à tout esprit tribal au sein de la population, envenimé ces derniers temps par certains tireurs de ficelles.

Cette rencontre qui répond à la recommandation du gouverneur militaire du Nord-Kivu, le général major Peter Cirimwami, telle que formulée lors de son passage à Sake vendredi dernier, consistait à consolider la cohabitation pacifique entre les communautés du territoire de Masisi après des rumeurs d’un probable conflit ethnique en cours dans l’agglomération carrefour de Sake.

Après analyse et interventions des leaders de toutes les communautés ethniques de Masisi, il a été conclu que ce qui se passe dans le chef-lieu du groupement Kamuronza (Sake), sont des cas isolés, malheureusement récupérés par les ennemis de la paix qui doivent être identifiés, mis en garde et à défaut poursuivis par la justice.

« En échangeant avec les représentants des toutes les tribus nous venons de comprendre que ce qui était dit sur Sake était faux. Néanmoins, il y a des personnes mal intentionnées dont des hommes politiques qui, à la recherche de positionnement incitent à la haine. Ces gens sont mauvais et dans les jours avenir, après avoir déposé le rapport au gouverneur, nous allons lui demander de retourner ici pour que la population dénonce ces personnes et devant cette même population nous aurons à les appeler et s’ils ne veulent pas changer, nous entant que les représentants de toutes les communautés nous ferons une plainte contre eux avec preuves à l’appui », a laissé entendre le professeur Bauma Balingene Alex, président du Barza intercommunautaire du Nord-Kivu.

Et de renchérir : « Les gens doivent vivre en commun et savoir qu’ils sont frères et sœurs, c’est ça le patriotisme. Aucune tribu qui peut chasser l’autre ou une tribu qui peut se prévaloir être au dessus de l’autre, nous sommes tous congolais et nous devons nous aimer. Le patriotisme c’est lorsqu’on s’aime, si tu n’aimes pas ton frère ou une autre tribu, ce que tu n’es pas un vrai patriote ».

Pour Innocent Bimenyimana Sanvura et Kitsa Muhombo Olivier, respectivement président de la communauté hutu à l’est de la RDC et communauté hunde mondiale, la population doit se méfier des discours à tendance tribale qui sont véhicules par les ennemis de la paix.

« Nous venons d’échanger tous et avons compris que les cas isolés ne doivent pas nous diviser. La population doit rester soudée et faire attention car l’ennemi a plusieurs stratégies pour nous atteindre. Ces gens qui veulent tout communautariser doivent arriver sur terrain et comprendre de par eux mêmes la vérité », indique Innocent Bimenyimana.

À Kitsa Muhombo d’ajouter : « certaines personnes voulaient confronter les hunde aux hutu après le meurtre d’un directeur d’école et un enseignant à Sake. Nous avons compris que ces gens cherchent à récupérer des cas isolés pour les habiller la connotation communautaire. Nous appelons toutes les communautés de continuer à vivre dans la cohésion, Dieu avait voulu qu’on naissent tous dans le territoire de Masisi. La population doit rester vigilante car ceux qui veulent opposer les communautés cherchent à désorienter nos jeunes unis pour que leur attention ne soit plus focalisé sur notre ennemi commun qui est le M23 ».

Rappelons qu’après le meurtre d’un directeur d’école primaire et d’un enseignant par un bandit armé à Sake, jeudi 28 décembre dernier, plusieurs personnes malveillantes ont propagées sur les réseaux sociaux des messages, incitant à la haine tribale, montrant que ces deux agents de l’État étaient tués au simple fait qu’ils étaient hutu et du coup assimilés au rwandais ce qui était complètement faux étant donné que selon les premieres enquêtes, le tueur était neveux à l’une des victimes.

Tous les participants, qui au-delà de cette question, ont débattu de plusieurs problèmes que traversent la population du territoire de Masisi, sont tombés d’accord que chacun à son niveau doit s’impliquer afin de chasser le vieux démon tribal dans la population.

Jérémie Kabali