Depuis l’annonce la semaine dernière de l’opération « Spring Bok », une opération conjointe FARDC-MONUSCO visant à protéger la ville de Goma et la cité de Sake contre la menace du M23, annonce faite lors d’un point de presse animé à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, les réactions fusent de partout pour dire « NON » à cette opération conjointe.
La première est celle de la coordination urbaine de la société civile de Goma. Dans une communication faite depuis Kinshasa où il séjourne, le président de cette structure citoyenne appelle le gouvernement et la population à la vigilance face à l’opération d’appui des forces de la MONUSCO pour protéger Goma et Sake contre le M23/RDF. Marion Ngavho Kambale se demande pourquoi la MONUSCO a choisi ce moment pour appuyer les FARDC, question à laquelle il attend toujours la réponse.
Une autre réaction est celle de Johnson Ishara Butaragaza, acteur politique et candidat à l’élection législative dans la ville de Goma.
Sur son compte Twitter, il implore le haut commandement des FARDC à ne pas accepter une quelconque mutualisation des forces avec la MONUSCO. Selon lui, cela risque de créer une situation de non-état dans la région et faire piéger les forces armées de la RDC.
Celui-ci évoque quatre raisons lui poussant à demander aux FARDC de ne pas accepter la participation de la MONUSCO dans cette guerre de l’Est.
« Quatre raisons me poussent à demander aux FARDC de ne pas accepter la participation de la Monusco dans cette guerre de l’EST:
- L’ONU avait avoué que ces M23 avaient des armes sophistiquées, la bonne question est de savoir si à son tour, les casques bleus sont-ils maintenant dotés des armes sophistiquées ? Comment comptent-ils combattre avec des gens qui sont plus armés qu’eux ?
- En 2012, la Monusco avait fait chuter encore Goma, même quand les terroristes du M23 étaient déjà dans la ville, ils disaient toujours que Goma ne tombera pas, et ce jour-là nos FARDC étaient tombé dans leur piège; Goma était tombé sans aucune balle tirée par ces fameux casques bleus.
- La Monusco n’a jamais accepté que notre pays se bat avec le Rwanda, elle dit que nous avons à faire à un groupe armé local (M23), ce qui veut dire que nous serons sur un même front en train de combattre des ennemis différents.
- La Monusco est sensée quitter notre pays dans ce mois de décembre, ce semblant de mutualisation serait pour eux comme un alibi pour qu’ils ne quittent pas le pays à cette date fatidique. Ils vont continuer à créer le chaos pour nous mentir qu’ils vont trouver des solutions or c’est utopique, » a-t-il écrit sur Twitter.
Une autre réaction vient du Collectif des mouvements citoyens du Nord-Kivu. Dans une déclaration faite à la presse ce lundi, 06 novembre 2023 à Goma, le collectif des mouvements citoyens et groupes de pression du Nord-Kivu appelle le gouverneur de province et commandant des opérations militaires dans la région, à se désolidariser de la MONUSCO.
« Nous dénonçons la naïveté des autorités politico-administratives et militaires qui font encore confiance à la Monusco dont le mandat ne doit plus être renouvelé parce que son plan de retrait commence d’ici le mois de décembre 2023. Le peuple congolais rappelle aux autorités du pays que cette mission ne restera pas éternelle en RDC et elles doivent prendre leurs responsabilités face aux menaces que subit la RDC, » peut-on lire dans cette déclaration.
Ce collectif ajoute :
« N’ayant aucune garantie sur la crédibilité de la Monusco au même titre que la force de l’EAC, nous réitérons notre soutien aux FARDC auxquelles revient la responsabilité de défendre l’intégrité du territoire national et de la souveraineté de son peuple. Nous appelons le gouverneur militaire intérimaire à se désolidariser de la fameuse Monusco qui veut lui faire un bouc émissaire sur le plan machiavélique en connivence avec l’ennemi pour céder d’autres zones pour trouver un alibi de se pérenniser dans notre pays. Nous disons non à cette opération qui ne vise que la protection de Goma et Sake tandis que le Nord-Kivu n’est pas seulement Goma ou Sake. Les opérations doivent commencer dans les zones occupées par le M23/RDF ».
Lors de l’annonce du début de l’opération conjointe FARDC-Monusco « Spring Bok », le général Octavio Miranda de la Monusco, a précisé que les troupes de la mission de l’organisation des Nations-Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo sont déployées dans toute la région (Goma et Sake) pour barrer la route à l’ennemi.
Illar Meztiller
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