L’affaire Ramazani : révélateur d’un État défaillant face à l’ombre de l’assassinat de Chérubin Okende

Loin des projecteurs médiatiques, une affaire continue de hanter les consciences en République démocratique du Congo : celle de Mukadamu Ramazani Prince, ancien secrétaire privé de Chérubin Okende, ministre assassiné dans des circonstances toujours floues le 12 juillet 2023. Plus qu’un simple fait divers, la situation de Ramazani révèle les failles profondes de l’État congolais face à la protection des citoyens et à la quête de vérité dans les affaires sensibles.

Ramazani n’était pas une personnalité publique. Il gérait dans l’ombre les dossiers personnels et juridiques de Chérubin Okende, avec discrétion et loyauté. Depuis la mort de ce dernier, il vit sous la menace permanente : appels anonymes, filatures, tentatives d’enlèvement — au moins cinq signalées. Des agissements qui témoignent d’un harcèlement structuré, visant manifestement à faire taire une voix jugée potentiellement dangereuse.

Pourquoi un tel acharnement ? Selon des sources proches du dossier, certains redouteraient que Mukadamu Ramazani détienne des informations susceptibles de faire avancer l’enquête — ou de compromettre des intérêts puissants. Dès lors, sa mise en danger ne relèverait pas du hasard, mais d’une stratégie de dissuasion par la peur.

Ce qui interpelle, c’est l’attitude des institutions de l’État. À ce jour, aucune protection officielle ne lui a été accordée. Les plaintes restent lettre morte. La police garde le silence. Ce vide institutionnel laisse place à une impunité inquiétante. Il traduit aussi une méfiance persistante envers la capacité — ou la volonté — de l’appareil d’État à garantir la justice dans des dossiers politiquement sensibles.

Au-delà du cas personnel de Ramazani, c’est la crédibilité même de l’État congolais qui est en jeu. Un État qui ne protège pas ses citoyens les plus exposés, un État qui ne cherche pas la vérité avec détermination dans le meurtre d’un ancien ministre, envoie un signal dangereux à toute la société.