Kasindi : l’activité des motos-taxis une stratégie de survie socioéconomiques pour les jeunes

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Dans la quasi-totalité des entités de cette partie du territoire de Beni, à travers l’activité émergente des taxis-motos les jeunes de Kasindi par exemple, présentent des ripostes significatives au chômage ou à la pauvreté et manifestent au quotidien leur volonté de se prendre en charge.

Face aux contraintes socioéconomiques, à la rareté des commodités de survie, à la violence des acteurs institutionnels au service d’un Etat autoritaire, ces manifestement, luttent pour glaner les quelques ressources qui leur permettent de survivre ou de rester debout.

Cette activité a pris, depuis plus d’une décennie, une ampleur inquiétante, il s’agit d’une population fortement hétérogène qui intègre à la fois des célibataires, des personnes mariées et des chefs de famille.

On compte aujourd’hui parmi les conducteurs de taxis-motos majoritairement des jeunes hommes désœuvrés, dont certains sont peu instruits tandis que d’autres sont bien instruits.

Le phénomène de taxis-motos est progressivement devenu un palliatif contre le chômage des jeunes et la pauvreté rampante. L’essentiel est pour les jeunes de ce coin du groupement Basongora de travailler à tout prix, de se débrouiller et de nouer les deux bouts du mois.

« Je fais la moto depuis 7 ans, mais pour moi, ce n’est même pas d’abord un métier, c’est juste un truc pour chercher de quoi manger. Si je trouve un métier stable qui peut me permettre de faire une famille, je vais laisser » a indiqué sous anonymat un jeune conducteur de taxi-moto.

L’activité a aussi attiré un nombre important de jeunes parce que devenir moto-taximan n’exige pas de formation particulière. Beaucoup estiment qu’il suffit de trouver une moto (celle d’un ami ou d’un parent), d’apprendre à conduire pendant quelques jours, et les jours qui suivent, un patron peut vous céder une moto contre une recette journalière.

Parce qu’ils ont appris à contourner les dispositions institutionnelles, nombre de jeunes intègrent facilement l’activité sans se sentir obligés de s’inscrire dans une auto-école.

Toutefois, la naissance et l’émergence de l’activité des taxis-motos ont été favorisées au pays par des causes plurielles, à la fois structurelles et conjoncturelles ;

La situation socioéconomique et politique du de la République Démocratique du Congo est difficile depuis au moins deux décennies. Après une brève période de croissance soutenue dans les premières années de l’indépendance, la RD Congo a connue une sévère crise économique à partir de 1998 et a subi durement les conséquences des programmes d’ajustement structurel.

Aujourd’hui, le secteur primaire se présente encore comme la base du développement économique. Le pays, qui n’est pas resté autosuffisant (du point de vue des ressources économiques) comme il l’était dans les années 1970, présente selon les estimations officielles un faible taux de croissance oscillant autour de 3 à 4 % par an.

Même si les leaders politiques ont initié de multiples programmes de développement dits structurants, ces projets aujourd’hui en cours, n’ont pas encore de conséquences sur le bien-être des populations.

La RDC reste donc un pays pauvre, comme l’attestent plusieurs indicateurs. deux congolais sur cinq vivent en dessous du seuil de pauvreté monétaire, le sous-emploi demeure massif.

Une frange minoritaire, dominée par les logiques d’une dictature ethnique et gérontocrate a réussi à maintenir le pays et surtout la jeunesse dans une situation de précarité politique, économique ou sociale. Pendant plus de trois décennies, ces patriarches et gérontocrates politiques ont entrepris une criminalisation de l’État pour en faire une démocratie.

Cette jeunesse désoeuvrée fait pourtant preuve d’une réelle capacité imaginative et entrepreneuriale. Régulièrement perçus comme un problème social et appréhendés à travers les catégories de la déviance, de la marginalité ou de l’exclusion.

Par exemple ; bon nombre de jeunes dans la cité frontalière de Kasindi – Lubiriha en secteur de Ruwenzori au Nord-Kivu, ont appris à braver ces images réductrices qui occultent leur esprit d’entreprise.

Au finish, cette activité se révèle comme une alternatives à la crise de l’emploi, les motos-taxis permettent aujourd’hui à des milliers de jeunes et de ménages congolais de survivre au quotidien.

Paul Zaïdi

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