Question de style ou de syntaxe dans le choix des mots, il m’a paru essentiel et fondamental dans le cadre des travaux de mon projet professionnel et avec l’appui de la plateforme AFRIKA@CYBERSECURITE de réfléchir à la problématique de la transformation numérique de la RDC sous le prisme risque pays avec un focus sur la mise en œuvre de politiques publiques de nouvelle génération afin d’apporter une contribution incontestable au débat de l’apport du numérique au développement, à l’attractivité et au rayonnement de la RDC, tant en Afrique (la RDC est le deuxième plus grand pays d’Afrique – neuf États voisins – onze frontières physiques internationales) que dans le monde (La RDC est le septième pays du monde par la longueur des frontières terrestres cumulées).
C’est un fait ! Avec la transformation numérique, l’humanité et donc, la RDC dispose d’un environnement qui commande plus que jamais nos vies individuelles et collectives. L’importance prise par les technologies dans tous les secteurs d’activités, à commencer par la politique en Afrique et dans le monde, rend incontournable la transformation numérique comme catalyseur du développement socio-économique, qui ne saurait être une option pour les pays africains.
Il revient aux politiques et aux dirigeants d’aujourd’hui, et cela dans l’intérêt des générations futures, d’avoir le courage et l’honnêteté de décider de mettre en place des cadres appropriés qui permettent de tirer la quintessence de la puissance de ce nouvel environnement.
La RDC pays solutions, est au carrefour mondial des bouleversements technologiques constatés en termes d’impacts. Les richesses de son sous-sol, les faits factuels et historiques les plus souvent cités par la presse, relayés et amplifiés par les réseaux sociaux sont la preuve de cette affirmation. Toutefois, la RDC ne pourra atteindre les résultats escomptés et durables sans une sécurité et une régulation globale de ce nouvel environnement qui nécessite une prise en compte des nouveaux défis !
Il s’agit donc d’analyser de manière systémique les faits ci-dessous, passés, présents et de se projeter vers ce, vers quoi aspire la société congolaise dans sa totalité. La transformation numérique en RDC ne se fera pas sans la participation inclusive du peuple congolais et ne saurait être l’apanage des seuls techniciens devenus pour la circonstance conseillers des politiques. Le secteur privé national en sera la clé !
La stratégie Horizon 2020 : nouvelle stratégie numérique de la Francophonie.
Les 13 et 14 octobre 2012 s’ouvrait à Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo, (pays membre de la Francophonie depuis 1977) le XIVe Sommet de la Francophonie. Les Chefs d’État et des Gouvernements de l’Organisation Internationale de la Francophonie se réunissaient autour du thème : « Francophonie, enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale ».
A l’issue de ce sommet, il fut adopté la stratégie Horizon 2020 : nouvelle stratégie numérique de la Francophonie, une stratégie sensée prendre en compte les nouvelles évolutions technologiques touchant désormais tous les secteurs de l’activité humaine tout en fixant les objectifs de la Francophonie à l’horizon 2020… Notons à cela aussi la déclaration de Abdou DIOF, ancien Président du Sénégal alors Secrétaire Général de l’OIF : « Cette nouvelle stratégie apporte des innovations importantes dans l’action de la Francophonie afin que le numérique soit un des moteurs du développement et renforce la participation citoyenne, l’expression des libertés démocratiques et la place de la langue française sur la toile en devenant un axe prioritaire de la solidarité francophone ». Je rappelle, à cet effet, que l’ancienne ministre des affaires étrangères du Rwanda a succédé depuis lors, à l’ancien Président du Sénégal à la tête de l’Organisation Internationale de la Francophonie.
La 9ème édition des Jeux se tiendra à Kinshasa, du 28 juillet au 6 aout 2023.
Six ans après la dernière édition, organisée en Côte d’Ivoire en 2017, et après deux reports d’une année, les Jeux de la Francophonie vont se dérouler à Kinshasa. Si l’équilibre entre sport et culture reste conservé, la cuvée 2023 s’annonce comme la plus digitale de l’histoire.
Le Manifeste de Smart Africa et la Transformation Numérique en Afrique.
Du 28 au 31 octobre 2013 s’était tenu à Kigali, au Rwanda le Sommet « Transform Africa », qui avait débouché sur l’adoption du Manifeste de « Smart Africa » par sept (7) Chefs d’État africains (Rwanda, Kenya, Ouganda, Soudan du Sud, Mali, Gabon et Burkina Faso) qui s’étaient engagés à jouer un rôle moteur dans l’accélération du développement socio-économique grâce aux Télécommunications de l’Information et de Communication (TIC).
Les 30 et 31 janvier 2014, le Manifeste de Smart Africa fut approuvé par tous les Chefs d’État et des Gouvernements de l’Union Africaine lors de la 22ème session ordinaire de l’Assemblée de l’Union Africaine à Addis-Abeba sous la présidence du Rwanda. Ce développement place alors les TIC au cœur de l’agenda du numérique en Afrique, au-delà des 7 signataires initiaux du Sommet, à l’ensemble des 53 pays africains.
La RDC est, de ce fait, membre de l’Alliance Smart Africa qui rassemble des Chefs d’État, mais également des organisations internationales ainsi que des acteurs mondiaux et africains du secteur du numérique. Leur vocation : accélérer la numérisation du continent et créer un marché commun en la matière à l’horizon 2023.
Presque 10 ans plus tard, les 26 et 28 avril 2023, sous la présidence du Président zimbabwéen, et la présence effective du président Paul KAGAME, Président du Conseil d’Administration de l’Alliance Smart Africa, et de leurs homologues du Malawi, de la Zambie et du roi de l’Eswatini, s’est ouvert le 6ème « Transform Africa Summit 2023[i] » à Victoria Falls, sous le tryptique : – Se connecter – Innover – pour Transformer l’Afrique.
S’exprimant à l’occasion, le président rwandais Paul KAGAME a déclaré, … l’Afrique doit s’apprêter pour jouer un rôle important dans l’Intelligence Artificielle (IA) en la rendant applicable pour les africains, malgré les voix qui s’élèvent pour une utilisation raisonnable. Car, selon lui, s’il n’est pas encore établi de façon tranchée ; son impact sur les emplois existants, son rôle capital dans des domaines aussi stratégiques pour l’Afrique que sont l’agriculture, les mines, l’industrie, est avéré.
La Convention de MALABO du 27 juin 2014.
La Convention de l’Union Africaine sur la cybersécurité et la protection des données à caractère personnel encore appelée Convention de Malabo a été promulguée le 27 juin 2014 à Malabo. Cette convention constitue un instrument continental de coopération, que seuls les Etats membres de l’Union Africaine peuvent ratifier.
Elle a pour objectif, de renforcer et harmoniser les législations actuelles des Etats membres et des Communautés Economiques Régionales (CER) en matière des TIC, dans le respect des libertés fondamentales et des droits de l’Homme et des Peuples. Elle vise également à créer un cadre normatif approprié correspondant à l’environnement juridique, culturel, économique et social africain et souligne que la protection des données personnelles et la vie privée est un enjeu majeur. Aussi, elle veille à la promotion et l’usage des TIC, l’intérêt des acteurs publics et privés. Elle prévoit aussi que chaque partie prenante s’engage à adopter des mesures législatives ou réglementaires pour identifier les secteurs considérés comme sensibles pour sa sécurité nationale et le bien-être de son économie.
Au cours de la plénière tenue le 04 avril 2023, l’Assemblée Nationale de la RDC a ratifié l’Ordonnance-Loi n°23/008 du 10 mars 2023[ii], autorisant la ratification par la République Démocratique du Congo de la Convention de l’Union Africaine sur la Cybersécurité et la protection des données à caractère personnel dite Convention de Malabo.
La Transformation Numérique et l’Alternance Politique VS la Machine à Voter.
Le 23 décembre 2018, la RDC a organisé les élections présidentielles et législatives, et dans un souci d’amélioration, de modernisation ou de simplification du vote, la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) a levé l’option d’utiliser des machines à voter de fabrication Sud-Coréenne, la Corée du Sud étant un pays observateur auprès de l’OIF. L’utilisation de la machine à voter a fait polémique au sein de la classe politique et de la population qui demandait son retrait sous le regard de la communauté internationale au motif que la machine à voter serait une machine à tricher et peu fiable.
Cependant, à l’issue du processus électoral, avec l’élection puis la passation de pouvoir pacifique entre Joseph KABILA KABANGE, 47 ans et Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, 55 ans, la RDC a prouvé à la communauté internationale son potentiel de souveraineté et cela pratiquement 60 ans après son indépendance.
En fin d’année 2023, la RDC va organiser les troisièmes élections politiques, avec des personnalités politiques de la génération des années d’indépendance arrivées à maturité avec la révolution numérique. Ne serait-il pas temps de mettre le numérique dans l’Agenda politique dans l’intérêt du peuple ? La RDC n’a pas le choix, à défaut de se le faire imposer au détriment de sa souveraineté.
Le Politique, la Diplomatie et la Transformation Numérique.
Le numérique est un outil stratégique pour le politique dont l’utilisation ou la consommation par les citoyens doit être édicté au plus haut sommet de l’Etat. A cet effet, maîtriser le nouvel environnement, c’est considérer le numérique comme levier pour garantir la paix et la sécurité, pour amorcer le développement de la RDC de manière inclusive. A l’inverse, il constitue une arme pour les cyberattaques et la guerre psychologique : l’humain, le congolais de la RDC, étant désormais un animal hackable.
L’illustration ci-dessous est loin d’être un scenario de film-fiction mais bien une réalité à laquelle la jeunesse et les nouveaux acteurs congolais doivent être édifiés pour que des mesures de persévération de l’intégrité territoriale tant dans le monde physique que dans le monde cyber qui se dresse devant nous, soient prises de manière à conserver l’ordre et la justice internationale.
En effet, le 15 avril 2023, Paul KAGAME, le Président Rwandais et Président du Conseil d’Administration de l’Alliance Smart Africa, s’exprimant à l’occasion de son séjour au Bénin, a déclaré au cours de la conférence de presse organisée au palais présidentiel béninois : « Une partie du Rwanda a été donnée au Congo et à l’Ouganda ». Pour lui, le mouvement M23 n’est pas le problème de la région ; le problème, ce sont les frontières physiques qui ont été tracées à l’époque coloniale. Et de justifier son propos : « En ce qui concerne le M23, les Congolais ont bénéficié de l’héritage rwandais, les frontières qui ont été construites durant la période coloniale ont affecté et divisé nos peuples. C’est évident ! Vous pouvez remonter dans l’histoire. »
La Société Civile, le Secteur Privé et la Transformation Numérique.
Le Président Félix-Antoine Tshisekedi candidat à sa propre réélection en demandant, le jeudi 01 juin 2023 depuis la Cité de l’Union Africaine à Kinshasa, à la délégation des parlementaires belges d’intercéder auprès de l’Union Européenne (UE) afin que des sanctions économiques soient imposées à l’encontre de tous les acteurs qui déstabilisent l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), indique par sa posture la voie à suivre et surtout précise bien sa vision de la transformation numérique de la RDC au service du peuple Congolais d’abord.
Plus que jamais, il s’agit de faire évoluer les institutions de contrôle de l’action gouvernementale du pays au rythme des impacts induits par la consommation du numérique au sein de la société afin de permettre au secteur privé national d’être en mesure de créer de la valeur et des emplois sur la base du numérique de Confiance. Au sein de la plateforme AFRIK@CYBERSECURITE et PARTENAIRES, nous l’avons bien intégré dans le contexte du CYBERAFRIKTOUR2063, d’où notre proposition d’organiser à Kinshasa la deuxième édition de la journée du numérique de confiance pour le développement des Etats Africains KINSEC2023 : « De l’interconnexion aux interdépendances stratégiques ».
Ce qui peut paraître comme un piège constitue, en somme, une contrainte qu’il faut transformer en opportunité pour le futur de la RDC sur la base d’un Dialogue Public-Privé Permanent entre le secteur public et le secteur privé national et international autour des enjeux du numérique de Confiance.
Tribune de BISSANGILWA WALIKUNZA Jean Louis, Enseignant – Chercheur à la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de l’Université de Kinshasa. Membre d’AFRIK@CYBERSECURITE.
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