La deuxième audition de l’opposant Salomon Kalonda Idi Della aura finalement lieu ce mardi à l’auditorat général de l’armée après celle de samedi. Lundi, le magistrat instructeur n’était pas présent à son office. Pourtant, le bataillon d’avocats défendant le prisonnier politique du régime Tshisekedi s’était vraiment mobilisé. Dur pour ceux qui accusent de prouver la culpabilité du mis en cause.
Le nouveau rendez-vous de SK Della à l’auditorat général est fixé pour ce mardi 13 juin 2023. Le bras droit du candidat président Moïse Katumbi est accusé d’avoir incité des militaires à commettre des faits contraires à la discipline. Il est aussi poursuivi pour collision avec le mouvement terroriste M23 et tentative de renverser le pouvoir de Félix Tshisekedi pour y installer un ressortissant katangais.
Après la première audition, le procureur militaire avait relis l’intégralité des procès-verbaux établis par les renseignements militaires. Selon une source proche du dossier, les PV de base n’ont pas repris certaines déclarations de Salomon Idi Kalonda. Après cette première comparution, le procureur militaire a placé l’opposant sous mandat d’arrêt provisoire et a décidé de le garder préventivement à la prison militaire de Ndolo.
Flop du régime de Kinshasa, les diplomates appelés au « devoir de réserve »
Depuis l’arrestation de Salomon Idi Kalonda Della, l’affaire n’a cessé de prendre de l’ampleur. Selon les informations de Jeune Afrique, le soir du 8 juin, quelques heures après la perquisition des résidences de Salomon Idi Kalonda à Kinshasa et à Lubumbashi, une discrète réunion a été convoquée en dernière minute au ministère des Affaires étrangères. Plusieurs ambassadeurs, conviés, y ont pris part. Parmi eux, les représentants de la France, de la Belgique et des Pays-Bas, mais aussi de l’Union africaine, de la Chine ou encore de l’Angola et du Gabon.
Côté gouvernement, certains ministres, dont ceux de la Communication, Patrick Muyaya, et des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, y ont assisté aux côtés du général-major Christian Ndaywel, chef d’état-major adjoint chargé du renseignement militaire. Selon plusieurs sources concernées par ces discussions, les échanges ont été l’occasion pour la partie congolaise d’évoquer certaines des preuves à charge qui figureraient dans le dossier, dont des transcriptions de messages entre Salomon Idi Kalonda et des officiels rwandais.
La présentation, qui a connu quelques couacs techniques et dont le compte-rendu a suscité le scepticisme de certains diplomates, avait aussi pour but d’appeler le corps diplomatique à faire preuve de prudence dans ses prises de position et à respecter son « devoir de réserve » dans cette affaire extrêmement sensible. L’entourage de Félix Tshisekedi craint en effet un emballement médiatique et diplomatique.
Des perquisitions irrégulières
Depuis six jours, des fouilles ont été opérées dans ses résidences à Kinshasa et à Lubumbashi dans le Haut-Katanga. En plus de ses propriétés, la maison de sa maman, Aziza, 85 ans, et celle de sa sœur, ont été perquisitionnées de fond en comble à Lubumbashi. Les enquêteurs prétendent chercher des armes qu’ils n’ont visiblement pas trouvées.
Des organisations de défense des droits de l’homme ont dénoncé les manœuvres des espions à la solde du régime Udps tendant à dissimuler des armes dans une des résidences de SK Della, quitte à le charger par la suite. Des stratégies indignes qui visent à neutraliser Katumbi dans le but de le mettre hors de course à la présidentielle de décembre 2023.
La direction du parti Ensemble a dénoncé l’acharnement contre son leader et ses cadres, objets depuis un mois d’une traque injustifiée de la part d’un régime agonisant. À six mois des élections, le pouvoir s’est radicalisé. Il a mis sa machine de répression en marche. Des extrémistes du camp présidentiel tentent par tous les moyens de pousser Moïse Katumbi à la porte. Droit dans ses bottes, l’ex-gouverneur du Katanga affiche la détermination de se battre jusqu’au bout. Objectif, reprendre le fauteuil présidentiel pour redonner le sourire au peuple congolais après cinq ans de traversée du désert.
Le conseiller spécial de l’opposant Moïse Katumbi avait été arrêté le mardi 30 mai 2023 à l’aéroport international de N’djili alors qu’il s’apprêtait à quitter Kinshasa pour Lubumbashi avec son leader. Détenu au secret plus d’une semaine au quartier général du renseignement militaire, l’opposant Salomon Kalonda Idi Della a été finalement écroué à la prison militaire de Ndolo où il a été transféré samedi soir dernier. À haute voix, Katumbi fustige “l’enlèvement de son proche collaborateur, tout en condamnant une grave dérive dictatoriale”.
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