6 mai 2021-6 mai 2023, 2 ans jour pour jour depuis l’instauration de l’Etat de siège au Nord-Kivu et en ITURI.
Certains ituriens semblent ne pas être satisfaits des résultats de ce régime spécial et veulent sa levée car n’ayant pas atteint les objectifs pour lesquels il a été décrété.
Qualifiant de mitigé le bilan de ce régime militaire, ces habitants reconnaissent néanmoins, les efforts fournis dans le secteur du développement.
» On a décrété l’état de siège pour finir la guerre puis traquer les groupes armés mais actuellement ouf, nous sommes fatigués de ce régime car des tueries continuent. […..] Nous remercions car l’infrastructure a été bien développée surtout pour le goudron en ville de Bunia, la réhabilitation du marché, des hôpitaux ça et là. [….] Si une chose est devenue difficile, on cherche un autre moyen d’aide » ont déclaré certains habitants de Bunia dans un Vox pop.
Pour la société civile, c’est sous l’état de siège que l’Ituri a connu des crimes contre l’humanité caractérisés par des tueries des déplacés même dans leurs sites.
D’après son coordonnateur qui partage l’avis de la population, au lieu que les groupes diminuent dans cette province, ils ont malheureusement augmenté, une situation qui pousse à dire que seules les opérations militaires sont la solution à cette aventure des groupes armés locaux et étrangers.
» Sous l’état de siège, les exactions ont même doublé pour ne pas dire triplé. Sous l’état de siège, on a vécu toute forme des violences et des crimes contre l’humanité. Ça ne passe pas un jour sans qu’on ne soit informé à travers la province. On a vu comment le nombre des groupes armés a augmenté au lieu de diminuer[….]. Pour nous en tout cas, s’il faut compter l’état de siège par rapport à ses objectifs, je crois que nous n’avons pas avancé. Je dirai qu’on a reculé même » a estimé Dieudonné Lossa, coordonnateur de cette structure citoyenne en province de l’Ituri.
Reconnaissant que l’état de siège a été demandé par les ituriens eux-mêmes, l’union des associations culturelles pour le Développement de l’Ituri UNADI se réfère aux propos du chef de l’Etat le 15 mars dernier devant les notables de la Grande Orientale, disant je cite « c’est à vous de me proposer une autre mesure à part ce régime comme vous l’avez réclamé » fin de citation.
C’est pourquoi, Ayendu Bin Ekwale Janvier président de cette structure regroupant toutes les 21 communautés ituriennes, dit être d’avis avec le slogan qui stipule aux problèmes de l’Ituri, des solutions ituriennes.
» Nous dans l’UNADI, nous avons un thème central qui dit qu’aux solutions ituriennes, les problèmes ituriens parce que ce que nous connaissons en Ituri est complexe. C’est d’abord au niveau local, régional et national » a-t-il pensé.
» Lever l’état de siège maintenant serait de faire tomber l’Ituri dans un non état « , c’est ce qu’estiment les acteurs politiques de l’Ituri réunis au sein de la structure Jeunes Leaders qui pensent que la grande responsabilité dans la guerre de l’Ituri revient aux communautés car plusieurs milices sont d’obédience communautaire.
Christian Shauri, son coordonnateur, qui évalue ce régime militaire à plus de 60%, argumente qu’en Ituri, la situation est différente à celle du Nord-Kivu car le gouvernement provincial passé est déchu. D’où, Luboya devrait attendre un gouverneur élu.
» Lever l’état de siège maintenant serait faire tomber l’Ituri dans un non état. Et d’ailleurs, si il y a ce qu’il faut critiquer négativement, c’est nous les communautés dire que nos enfants ne nous écoutent pas. En terme de pourcentage, je peux dire qu’on est à 60% et pour le 40%, le gouverneur doit fournir d’efforts pour qu’avant la levée de l’état de siège, que nous puissions avoir un résultat escompté totalement avec la sécurité total sur toute l’étendue de la province » pense Christian Shauri, coordonnateur des Jeunes Leaders.
Pour rappel, ce régime a été décrété le 03 mai 2021 et entré en vigueur 3 jours plutard soit le 06 mai de la même année.
Nickson Manzekele depuis Bunia
