Guerre dans la région des grands lacs : l’échec exemplaire des efforts de régulation du commerce des minerais de la RDC

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Afin de mettre fin au financement des groupes armés par le commerce des minerais, les États-Unis (2010) puis les pays européens (2017) ont décidé de viser un des éléments clés de l’économie politique de la conflictualité congolaise en adoptant des textes réglementaires sur les « minerais des conflits », c’est-à-dire l’étain, le tantale, le coltan et l’or.

L’OCDE, qui compte 38 États membres, a aussi adopté un guide sur le devoir de diligence à exercer dans la chaîne d’approvisionnement de l’étain, du tantale, du tungstène et de l’or en provenance des zones de conflit ou à haut risque de la région africaine des Grands Lacs.

L’OCDE a en outre travaillé avec la CIRGL pour créer un mécanisme régional de traçabilité et de certification. En 2010, à partir des États-Unis, un mouvement international favorable à la régulation du commerce des minerais dans les Grands Lacs a pris forme ;

Des efforts diplomatiques et des financements ont été mobilisés pour tenter d’assainir ce secteur et des sanctions individuelles internationales ont été prises.

Plus de dix ans plus tard, force est de reconnaître que cette intervention internationale n’a pas atteint son objectif (assécher financièrement les groupes armés) car elle a été contrariée et contournée.

D’une part, suite aux efforts de régulation du secteur de l’étain, les groupes armés ont reporté leurs efforts sur le commerce illégal d’or, qui fait beaucoup plus facilement l’objet de contrebande.

De plus, ils ont aussi diversifié leurs sources de financement les barrages routiers restant une source critique de taxation des ressources naturelles par les acteurs armés étatiques et non étatiques.

Les tentatives de policer le commerce de l’or dans les Grands Lacs se sont heurtées à la hausse des cours mondiaux de ce minerai qui a provoqué une véritable ruée vers l’or dans la région, l’entrée des compagnies chinoises dans le secteur aurifère congolais104 et des exportations massives vers Dubaï qui s’est imposée comme une des grandes places du commerce de l’or.

La réduction du trafic d’or a échoué comme l’indiquent les exemples ci-dessous ;

En 2019, seuls 122 sites d’exploitation minière artisanale sur un total de 2 673 avaient été inspectés par des équipes de validation de sites miniers, et les équipes d’inspection ne parviennent pas à effectuer des inspections sur une base semestrielle comme le prévoit la loi congolaise

D’autre part, le système de traçabilité et de certification des minerais s’est révélé être à la fois complexe, lent et coûteux. En 2019, seuls 122 sites d’exploitation minière artisanale sur un total de 2 673 avaient été inspectés par des équipes de validation de sites miniers, et les équipes d’inspection ne parviennent pas à effectuer des inspections sur une base semestrielle comme le prévoit la loi congolaise.

Les difficultés financières et matérielles d’application d’un système rigoureux de traçabilité et de certification ont conduit à des assouplissements progressifs.

Par ailleurs, la certification des minerais étant mise en œuvre par des administrations nationales où la corruption est chronique, sa crédibilité est toujours sujette à caution.

Dans un contexte de forte demande mondiale d’or, le commerce de ce minerai et d’autres ressources naturelles dans les Grands Lacs demeure largement non régulé. De ce fait, l’exploitation prédatrice et violente des provinces de l’Est congolais est vouée à continuer.

lesvolcansnews.net/ www.wathi.org

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