RDC : le goût amer des discours sucrés de politiciens congolais (Pamphlet de PAUL ZAÏDI)

Posted on

D’entrée de jeu, « sur les réseaux sociaux en République Démocratique du Congo, la politique possède ses flatteurs, ses cuisiniers et metteurs en scène ».

Le beau parleur se réduit à des ambitions personnelles, il ignore le bien public. Désormais l’allure de la flatterie réside dans ce double jeu de dupes dans lequel la vérité devient accessoire. Le démagogue est donc nécessairement un rhéteur, il sait trouver le bon mot au bon moment.

Dans mon pays, la constellation de politiciens de nature est peuplée de démagogues en puissance qui se servent de toutes les armes linguistiques de la séduction pour satisfaire leurs désirs mesquins. Pour cette raison, la rhétorique n’est à la source d’aucune hiérarchie stable depuis l’indépendance guide de l’accession à la souveraineté nationale (1960). Surtout lorsque sur terrain, les actions posées ne sont pas corollaires et le peuple reste agenouillé dans l’extrême vulnérabilité.

En ce sens, le langage constitue le principal vecteur de cette problématique vertigineuse sur le plan social, puisqu’il exprime les oppositions entre les ambitions individuelles. On pourrait dire qu’un politicien congolais est spontanément démagogue, parce qu’il utilise le discours comme une arme destinée à accroître sa puissance.

Comme si les pratiques de la dissimulation et du silence par les politiciens congolais échappent par nature à toute possibilité d’historicisation du déséquilibre sécuritaire, les discours des politiciens congolais hésitent, se révèlent aléatoires, cherchent l’élégance de style dans des expressions opportunistes des arcanes.

Surtout dans la province du Nord-Kivu, les liens entre démocratie et démagogie se trouvent réactivés aujourd’hui dans les critiques du populisme. Ici, la démocratie marque bien alors le règne du populisme et de la démagogie : elle repose sur une unité qui ne peut se réaliser que de manière fantasmatique.

D’une manière générale, les discours de politiciens congolais sont constitués d’un vocabulaire normé déterminant la qualité de la démagogie dans les circonscriptions électorales. En d’autres termes, l’activation du dispositif d’imagination est dictée par l’analyse de la sensibilité du public et, implicitement, de l’intérêt qu’elle recouvre pour une circonstance quelconque.

Et donc à l’instar du démagogue, le populiste congolais joue l’unité du peuple sain contre les diviseurs : élites, technocrates, partis politiques traditionnels. J’estime que, cette manière de recourir au peuple ne peut être facilement séparée de la démocratie, parce que cette dernière pose plus qu’aucun autre régime le problème de la lisibilité sociale du peuple.

Au finish, chacun peut donner un avis sage à la patrie. À cette option libérale, s’ajoute celle du comportement irrationnel de la population congolaise. Elle est manipulable et versatile ; il faut la comparer à une bête féroce qu’il convient de maîtriser. Changeante, elle se rallie à l’entraînement du moment, puis le regrette ensuite.

Lorsque l’on sait que la forme démocratique est impérative, dans cette période troublée dans les provinces sous état de siège par les groupes armés locaux et étrangers (ADF/MTM et M23), durant laquelle la prise de décision pour faire la guerre représente une constante des débats portés sur le cercle de décisions, on saisit l’importance de l’argumentation et du langage au vécu quotidien. Le remède est avant tout l’exercice d’une politique authentique.

PAUL ZAÏDI

  • Share

0 Comments

Leave a comment