RDC : Les partis politiques et le multipartisme, un problème pour la démocratie (Un billet de Paul Zaïdi)

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D’emblée, ceux qui suivent attentivement l’évolution politique de la République Démocratique du Congo s’inquiètent de cette triste réalité du vingt-et-unième siècles. Et donc, la fécondité du débat public nécessite un circuit corolaire de la réduction significative du nombre de partis politiques.

Une approche d’observation :

La prolifération des formations et associations politiques, loin d’être un facteur de dynamisme de l’expression démocratique, semble plutôt un leurre ». D’où la nécessité de la formation salutaire des grands ensembles politiques s’impose à cent pour cent.

L’aperçu fonctionnel :

Nés spontanément dans l’effervescence lors des cycles électoraux de 2006 à 2018 et d’autres en prélude des élections de 2023, la plupart des nouveaux venus dans le paysage politique congolais semblent s’accommoder d’une existence qui les confine à la clandestinité volontaire.

En effet, rejoignant dès leur naissance la galaxie de ces partis politiques qui ne sont ni un repère pour les électeurs ni un laboratoire d’idées ou une référence idéologique, encore moins une force de mobilisation.

La phase embryonnaire et les influences caractéristiques :

Il y a trop de partis politiques dans notre pays et la plupart n’ont pas la légitimité démocratique que consacre le suffrage universel. La plupart de ces partis, en effet, n’ont ni élus, ni implantation, pas de siège, juste le récépissé de reconnaissance.

Ce document aurait dû lui aussi être déclaré caduc car généralement, plusieurs membres-fondateurs ont quitté le parti par suite des divergences avec le fondateur et justement, le mode de création des partis politiques constitue l’un des facteurs de leur multiplication.

« Un groupe d’amis qui partagent des idées ou des ambitions politiques décident de créer un parti politique. La gestion du parti est alors collégiale, horizontale, fondée sur le consensus. C’est le mode démocratique » a indiqué l’Assistant Tsongo Nzenda Delmond spécialiste des questions politiques dans la région de grands lacs.

Cette élite congolaise a tout de même affirmé lors d’une concertation minutieuse avec les jeunes de la cité frontalière de Kasindi que :

« Le mode démocratique a vécu. Place au mode personnel. Une personnalité se donne des ambitions nationales, s’en donne les moyens et crée son parti politique. Si un certain nombre de ses compagnons figurent comme membres fondateurs, c’est uniquement pour les besoins des formalités ».

À l’en croire, ce type de formations politiques est généralement créé par des personnalités en rupture avec le parti au pouvoir.

Finalement, la gestion du parti y est alors pyramidale, autocratique, personnelle. Au sein de ces partis, la contestation des positions du leader doit être mesurée, au risque de se voir opposer un argument massue.

« C’est mon parti, c’est moi qui l’ai créé et qui le finance. Celui qui n’est pas d’accord sait ce qu’il lui reste à faire… Raison pour laquelle le leader décide seul de la ligne et du positionnement du parti », a-t-il ajouté.

Il peut allègrement naviguer d’un bord à un autre au gré de ses intérêts. Les cadres du parti sont placés devant une alternative : se soumettre ou se démettre. Et, pourquoi pas, créer leur propre formation politique.

Les idéaux préliminaires et un coup d’œil sur l’historique :

Alors que les partis sont supposés jouer un rôle important dans l’organisation et la régulation des systèmes démocratiques modernes, les vies politiques africaines sont généralement considérées comme marquées par la violence, le désordre, la personnalisation du pouvoir et la faiblesse des règles constitutionnelles.

Le pluralisme partisan est apparu en Afrique à la fin des années 1950 et au début des années 1960, à la fin de l’époque coloniale.

Les partis, organisations d’origine occidentale, semblent avoir eu du mal à s’enraciner dans les vies politiques africaines, à l’instar d’autres importations occidentales comme le constitutionnalisme libéral ou le gouvernement représentatif.

Il a fallu attendre le début des années 1990 pour voir de nouvelles tentatives de mise en place de systèmes multipartites dans un continent où la tendance a été à la dénaturation ou au refus des règles démocratiques.

PAUL ZAÏDI

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