Traitement des épidémies : Entre la médecine traditionnelle et moderne, qui gagne ?

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L’Afrique s’est arrêtée ce mardi 31 Aout sur la journée de la médecine traditionnelle. Cette célébration est passée dans un contexte de riposte à la pandémie de Covid-19, restée sans solution efficace définitive depuis près de 2 ans. La médecine traditionnelle va-t-elle relever le défi, surtout qu’une nouvelle vague de Covid-19 pointe à l’horizon ?

Une conférence à l’appel de la maison Artemisia de Goma a réuni ce 31 Aout des praticiens de la médecine traditionnelle, des infirmiers, des médecins, des pharmaciens et d’autres acteurs sociaux sur la vocation de la médecine traditionnelle.

L’espace a donné naturellement lieu à des interrogations, des débats et des explications entre les tenants de la médecine moderne et de sa supposée rivale, la médecine traditionnelle. Les experts de la maison Artemisia de Goma qui ont été formés dans les deux médecines ont saisi l’opportunité pour équilibrer les vues et les rapprocher : aucune de deux médecines n’est plus efficace que l’autre.

Il est des maux que l’une ou l’autre médecine traite et que l’autre n’arrive pas à soulager, explique le docteur Justin Mwamba, médecin généraliste, formé en médecine humaine. Cette affirmation est reprise en d’autres mots par la directrice régionale de l’OMS qui dispose des vaccins et d’un protocole de traitement de Covid-19. ‘’ Aujourd’hui, l’on assiste à l’émergence de traitements prometteurs à base de médicaments traditionnels dans le cadre de la riposte à la COVID-19’’, déclare le docteur Matshidiso Moreti, à l’occasion de la journée africaine de la médecine traditionnelle.

La médecine traditionnelle doit toutefois s’améliorer !

Il n’est pas rare que des critiques de la médecine traditionnelle relèvent la question de la composition des médicaments traditionnels et leur dosage qui pose problème. Maitre Jules Twahibu, participant à la conférence, recommande donc que les tradi-praticiens disposent d’un cadre de renforcement de capacité.

Ce n’est pas cependant l’unique solution, il leur faut aussi des moyens techniques, croit le docteur en pharmacie, Toche Moliongo Molonge. Il est aussi le président du conseil d’administration l’union des tenanciers des officines pharmaceutiques du Congo (UTOPHARCO). Ce pharmacien pense que les tradi-praticiens de la médecine traditionnelle doivent aussi accéder à des machines. ‘’Ce qui se passe chez nos amis tradi-praticiens c’est le problème de stabilité du médicament. Il n’est pas stable. La stabilité commence par la méthode d’extraction. Dans une plante, l’on peut trouver plusieurs principes actifs…il faut donc des machines, la technologie moderne pour extraire les différents principes actifs’’, explique-t-il.

Il pose le cas de l’Artemisia dont il loue le rôle dans le traitement de la Covid-19 en RDC, mais il estime que si elle est mieux traitée, elle peut servir dans le soulagement d’autres maladies. ‘’L’Artemisia a plusieurs substances, il y’a le flavonoïde, l’huile sensille et les autres. Il faut donc arriver à séparer tout cela pour trouver des principes actifs appropriés pour des maladies données’’, fait observer le docteur Toche.

Le docteur Justin Mwamba, déjà cité plus haut, plaide par conséquent pour un rapprochement entre les deux médecines qui peuvent jouer des rôles alternatifs dans le soulagement de la population. ‘’Nous avons plusieurs fois constaté des barrières qui font que certaines maladies restent incurables jusqu’ici. Je peux donner l’exemple du diabète, du VIH-Sida, la Covid qui nous pose problème jusqu’à présent, etc., il y’a encore beaucoup de ces pathologies qui restent incurables dans notre médecine moderne qui pourtant, curieusement, trouve une solution dans la médecine traditionnelle’’, fait-il savoir.

Le jeune médecin qui accompagne la médecine traditionnelle à travers la maison Artemisia en appelle à la fin d’une coexistence antagonique entre la médecine moderne et la traditionnelle. Il faut plutôt y trouver un terrain d’entente, souhaite-t-il.

La médecine traditionnelle reste en effet très répandue en Afrique et sert souvent comme une alternative à la médecine moderne. Dans son message, à l’occasion de ce 31 Aout, la directrice régionale de l’OMS indique qu’il est reconnu que cette médecine est fiable, acceptable, d’un prix abordable et accessible.

Frédéric Feruzi

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