Les filles-mères bientôt de retour à l’école : où est le problème chers chefs d’établissement ?

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Par Frédéric Feruzi

La promesse est là ! La ministre provinciale du genre cherche les chiffres des filles-mères, non, plutôt les mères-adolescentes, qui demandent leur réinsertion dans les écoles. C’est le résultat d’un plaidoyer que l’organisation féminine ‘Sauti ya Mama Mkongomani’ a mené, le vendredi 26 mars à Goma.

D’abord il est important que l’on se mette d’accord avec le lecteur sur un terme. Pour le commun de mortel, à Goma, il s’agit des filles-mères. Dans les milieux des organisations féminines, les filles qui ont mis au monde sont des mères adolescentes. Il y’a une raison à cela. La plupart ont souvent moins des 17 ans, explique Nelly Lumbu Lumbu, coordonnatrice de l’organisation Sauti ya Mama Mkongomani (SMM).

Des dizaines d’entre elles étaient regroupées ce vendredi à la salle du parlement d’enfants de Goma, à l’initiative de la SMM. L’activité a été appuyée par l’ONU-femme et l’UNFPA. Cette dernière organisation a distribué des kits hygiéniques aux mères adolescentes qui sont venues des associations IJP ‘Initiative des jeunes pour le progrès’ et M.ShujaaT Mwanamuke Shujaa.

Les donations ont donné lieu aux bénéficiaires d’exprimer leur reconnaissance à la SMM et à ses partenaires financiers, l’Onu-femme et l’UNFPA qui a apporté les kits hygiéniques. Les mères-adolescentes ont également présenté des recommandations dont le droit de revenir à l’école.

Les engrosseurs poursuivent leurs études mais les mères-adolescentes non. Ça doit changer !

C’est ce qui motive l’organisation Sauti ya Mama Mkongomani. Sa coordonnatrice a fait, lors de l’atelier de ce vendredi, un plaidoyer auprès de la ministre provinciale de l’éducation. Elle a obtenu de Prisca Kamala la promesse de s’impliquer pour que les mères-adolescentes rejoignent les écoles, dès la prochaine année scolaire.

Nelly Lumbu Lumbu déplore :’’Les mères-adolescentes sont marginalisées, discriminées alors qu’elles sont engrossées, la plupart de fois, par leurs collègues de classe ou de l’université. Ces collègues-là poursuivent leur cursus normal mais ces filles-là sont appelées parfois à faire des écoles de récupération pourtant elles ont aussi la possibilité de pouvoir continuer avec le cursus normal et devenir des personnes de valeur dans notre société’’.

L’activiste des droits des femmes dénonce l’injustice des chefs d’établissements surtout dans les écoles confessionnelles qui bloquent le retour des mères-adolescentes dans les écoles. ‘’Nous sommes en train de demander aux écoles conventionnées protestantes, catholiques, musulmanes, Kimbanguistes qui pensent que quelqu’un qui a commis ce péché ne peut plus étudier. Jésus nous a pardonné, pourquoi les écoles ne peuvent pas pardonner aux filles ? Si une fille accepte qu’elle prend conscience, elle se dit qu’elle a fait une erreur, pourquoi on ne peut pas qu’elle retourne à l’école, pour lui accorder une seconde chance ?’’, s’indigne Nelly Lumbu Lumbu.

Elle explique que certaines mères-adolescentes marginalisées finissent dans la rue, y donnent naissance à des enfants qui finissent gamins de rues et plus tard criminels. Pour Nelly Lumbu Lumbu, régler le problème des mères adolescentes qui veulent revenir à l’école ou apprendre des métiers qui les responsabilisent, permet de contribuer à la reconstruction de la paix sociale. Nelly Lumbu Lumbu plaide pour une budgétisation du cas des mères-adolescentes, l’année prochaine.

Les difficultés des associations qui se mettent à encadrer les mères-adolescentes à Goma

L’IJP encadre les mères-adolescentes dans la coupe et couture, l’art culinaire, l’entrepreneuriat et le sport déstressant comme la Capoeira. Elle compte maintenant 157 mères-adolescentes. Il y’a plus des demandeuses à l’inscription à l’IJP mais les moyens ne permettent pas de les prendre toutes, fait savoir Rolande, coordonnatrice de l’IJP.

Le défi des moyens financiers ne fait pas baisser les bras à l’IJP qui appelle cependant à l’appui de partenaires potentiels. Elle se félicite de l’accompagnement de la SMM, l’ONU-Femme et l’UNFPA qui vient de fournir des Kits hygiéniques. Pour elle, l’encadrement des mères-adolescentes amoindrit leur traumatisme après être marginalisées par leurs propres familles, abandonnées par le géniteur de leurs enfants et rejetées par la société et les écoles.

Feza Balanga dirige l’organisation M.ShujaaT. Celle-ci encadre des mères adolescentes et des filles vulnérables. Ces dernières apprennent le dessin et la peinture. Cette formation vise à les détraumatiser et à les autonomiser, explique Feza Balanga. Toutefois, hormis des moyens limités, M.ShujaaT peine à se faire reconnaitre au niveau des milieux sociaux. Sa coordonnatrice affirme que beaucoup ne croient pas en elles parce qu’elles sont des filles.

Feza Balanga plaide pour une attention auprès des autorités et des organisations pour faire davantage. M.ShujaaT a pourtant de quoi se faire soutenir. L’organisation a fait jusqu’ici 7 peintures murales à l’intention du grand public. L’une d’elles sensibilise sur la Covid-19, une autre sur les capacités des femmes à exercer des professions censées revenir aux hommes en RDC, pour ne citer que cela.

La coordonnatrice de l’organisation M.ShujaaT, Feza Balanga, indique que les mères-adolescentes en besoin sont nombreuses. Les moyens dont dispose son organisation restent toutefois bien limités pour enregistrer plus de candidates.     

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