RDC : 236 maisons de tolérance où l’on abuse des filles mineures, identifiées au Nord-Kivu

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Les abus et exploitations sexuels sur les enfants restent répandus au Nord-Kivu et en R.D.Congo en général. Le rapport du groupe de travail protection et prévention de la stratégie nationale contre les VBG est sombre.

Le rapport a été présenté ce 25 novembre, au lancement des 16 jours d’activisme contre les violences sexuelles et basées sur le genre (VBG). Il est l’émanation d’un travail que les membres du groupe de travail protection et prévention ont réalisé et parfait entre 2017 et 2020.

Il aborde les abus et exploitations sexuels qui touchent les enfants, les causes, les facteurs favorisants, les profils des auteurs, les conséquences, les plaidoyers et présente des recommandations.

La matière est certes vaste, mais il est des éléments qui méritent de s’y arrêter un peu pour donner une vue d’ensemble de la situation inquiétante des enfants que les abus et exploitations sexuels n’épargnent non plus, dans un contexte d’insécurité quasi-généralisée dans la province du Nord-Kivu.

Profils des enfants victimes et causes

Sans surprise, les abus et exploitations sexuels sont particulièrement répandus dans les territoires de Béni, Walikale, Masisi, Nyiragongo et Rutshuru, où les groupes armés sont plus actifs. Les enfants qui y sont abusés sont les résidents, les déplacés de guerre, les rapatriés, les réfugiés et les migrants.

Les filles déplacées internes font figure de la catégorie la plus exposée aux risques d’abus et exploitations sexuels. La localité de Rubare (Rutshuru), le territoire de Walikale et les centres urbains du Nord-Kivu où se réfugient les familles déplacées constituent les grands centres d’exploitation sexuelles des enfants, à en croire le rapport.

Entre autre causes d’abus et exploitation sexuels, le groupe de travail protection-prévention note le manque des moyens de subsistance, l’abandon des études par les enfants filles et la recherche de l’argent pour prendre en charge leurs familles que la guerre à répétition démunie.

Le rapport cite une sixaine des facteurs qui favorisent les abus et exploitations sexuels des enfants au Nord-Kivu, mais la présence des maisons de tolérance est un facteur particulier. 236 ont été identifiées en dehors de plusieurs autres cachées ou maquillées. C’est en effet dans les maisons de tolérance que les filles déplacées sont violées, menacées et torturées.

Profils des auteurs et conséquences

Les auteurs d’abus et exploitations sexuels sont les chauffeurs (Surtout sur les axes routiers Goma-Butembo et Kiwanja-Rubare), les commerçants, les agents de l’Etat, les agents des services de sécurité, les hommes en arme où l’armée et la police sont absentes, les enseignants dans les écoles, les humanitaires et autres membres de communautés.

Ce qui inquiète le plus les acteurs humanitaires c’est le fait que la plupart des auteurs d’abus et exploitations sexuels jouissent de l’impunité, alors que les acteurs qui dénoncent sont victimes des représailles. Mais les nombreux abus et exploitations sexuels notifiés au Nord-Kivu ne sont pas sans conséquence sur la vie des victimes et des communautés.

Selon le rapport du groupe de travail protection-prévention plusieurs enfants survivants des abus et exploitations sexuels sont contaminés des maladies sexuellement transmissibles (MST). Les uns sont torturés, rejetés, stigmatisés, forcées de se marier précocement voire à 13, 11 ans, et les autres ont des grossesses indésirées et des avortements ou vivent une instabilité psycho-sociale, indique notre source.

Les acteurs humanitaires recommandent aux autorités congolaises de faire juger les auteurs d’abus et exploitations sexuels. Leur rapport souligne que les maisons de tolérance, présentes un peu partout, restent le défi majeur dans la lutte contre les abus et exploitations sexuels. Ils invitent les décideurs à les démanteler sur l’ensemble de la province du Nord-Kivu.

Frédéric Feruzi

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