La démonstration est scientifique et a été présentée à l’opinion ce jeudi à Goma lors d’une soutenance publique, à la faculté de sciences de l’information et de la communication, à l’université de Goma (UNIGOM). Pour inverser la tendance dans la situation sécuritaire à Goma, il faut professionnaliser la communication de la police. Ci-après, voici comment !
L’étude est signée Jonathan Muhombo, désormais licencié en communication sociale depuis ce 5 octobre. Lui et plusieurs autres de ses camarades ont défendu des mémoires qui méritent de s’y attarder un peu. Ils ont abordé des sujets dont les conclusions sont des réponses aux problèmes sociaux et de développement à Goma, l’une des principales villes dans l’Est de la république démocratique du Congo.
La présentation du travail de Jonathan tombe à pic nommé. Il propose des reformes à la communication de la police, au moment où tout le monde pense à Goma à ce qu’il faut faire pour contrer durablement l’insécurité dans un contexte d’assassinats quasi-quotidiens. Le plus emblématique a été celui de l’homme d’affaire Simba Ngezayo, qui a jeté toute la ville en émoi, mardi matin.
Le mémoire du chercheur en communication qui a pour titre ’’L’insécurité dans la ville de Goma, cas de la police nationale congolaise (PNC-NK)’’ pose la circulation des armes illégales et des criminels, comme des facteurs déterminants de l’insécurité qui tue quasiment chaque mois depuis plus d’une vingtaine d’années, depuis l’arrivée des réfugiés rwandais à Goma selon plusieurs observateurs. Il faut arriver à retracer ces armes et ceux qui les détiennent pour arrêter l’insécurité dans une ville prometteuse, une fois bien sécurisée. Un internaute a fait réfléchir, à travers cette interrogation sur facebook, après l’assassinat de Simba Ngezayo : Comment voulez-vous attirer des investisseurs dans une ville où l’on tue même en plein jour ?
La police doit avoir un plan de communication qui privilégie la communication de proximité ‘’Communication sociale’’
C’est la stratégie de communication qui manque à la police de Goma pour arriver à éradiquer l’insécurité, laisse entendre Jonathan Muhombo. Il s’étonne que les forces de sécurité recourent uniquement à la communication audiovisuelle, et cela principalement à travers la RTNC, une chaine publique, moins suivie dans la ville.
Or, la communication de proximité qui amènerait la police à la rencontre de la communauté pourrait recréer la confiance et permettre de se renseigner facilement sur les armes illégales et leurs utilisateurs, selon Jonathan Muhombo. ‘’Il y’a une carence de sensibilisations au niveau de la communauté car la communauté, surtout ici en ville de Goma, a une mauvaise image qu’elle garde de la police. Et pour effacer cette image-là, il faut que la police multiplie des séances de sensibilisations demandant à la population de collaborer étroitement avec les éléments de la police, parce que sans interaction entre ces deux entités sociales, il ne peut pas y avoir de sécurité. La sécurité doit avoir l’intervention de la population et de la police ’’, met en évidence Jonathan Muhombo.
Malgré une situation d’insécurité généralisée et persistante à Goma, la police n’a pas toujours de plan de communication spécifique contre l’insécurité, explique le chercheur. Une source s’est confiée lors de ses recherches que même lorsque des spécialistes de la communication à la police présentent des plans, la hiérarchie n’arrive toujours pas à les financer.
L’insécurité à Goma c’est aussi une circulation routière qui respecte moins les normes standards, démontre le mémoire défendu par le lauréat Guylain Nabugingi.
Les accidents en hausse, qui tuent sur les rues de Goma, accusent une communication inefficace de la CNPR
La CNPR c’est la commission nationale de prévention routière. Elle est en charge de la régulation de la circulation qui laisse pourtant à désirer sur les routes de Goma. Licencié depuis ce jeudi après-midi, en communication sociale, à l’UNIGOM, Guylain Nabugingi s’y est penché dans ses recherches pour en savoir les causes et les éventuelles voies de sortie.
Le chercheur a été plus actif notamment sur l’axe Goma-Sake, route principale de la ville de Goma. Son mémoire est intitulé ‘’ la communication externe de la CNPR auprès des usagers de la route Goma-Sake’’.
Lorsque Guylain parle de l’inefficacité de la communication de la CNPR, il faut entendre la faible sensibilisation des conducteurs sur le code de la route. Ils sont du coup au centre des accidents qui tuent presque chaque jour, des sources de la société civile, surtout sur le tronçon Néo-apostolique-Rwasama-lac-vert. ‘’Ces usagers-là ne maitrisent pas le langage routier qui est le code de la route. Pourtant les agents de la CNPR sont censés proposer au gouvernement congolais pour réduire tant soit peu le nombre d’accidents sur différents réseaux de routes’’.
Sa recommandation : Guylain invite, en un mot, la CNPR à travailler avec les différentes corporations de chauffeurs et motards pour que la sécurité revienne sur les routes. ‘’ Nous avons remarqué que chaque année, au lieu que la courbe des accidents baisse, elle ne fait que monter. À ce niveau-là, ça pose problème parce que la CNPR ne joue pas bien son rôle !’’, explique l’impétrant.
Le mémoire de Kévine Stéphanie Kahindo intéresse également ! La collègue de Jonathan et Guylain a traité de l’e-commerce ou commerce en ligne, en d’autres termes.
L’e-commerce, une opportunité pour révolutionner les entreprises congolaises
Stéphanie Kahindo a tenté de démontrer les apports de l’e-commerce dans les affaires au 21ème siècle et sa place dans le développement des pays en voie de développement. ‘’Nous nous sommes dit pourquoi ne pas scientifier la question et faire une étude pour voir les enjeux, les perspectives, qu’est-ce qu’il en devient, qu’est-ce que ça va devenir, faire des projections et analyser tous ces aspects-là’’, s’explique-t-elle.
L’e-commerce c’est un fruit du développement de l’internet, mais elle est critiquée pour sa capacité de simplifier les étapes à telle enseigne qu’elle renforce le chômage. Pour Stéphanie Kahindo, cela n’est pas le cas. ‘’C’est vrai il supprimer certains emplois mais il crée aussi d’autres emplois. Il y’a de nouvelles choses qui arrivent avec le e-commerce et que c’est question de s’adapter, de se réajuster aux nouvelles tendances’’, relativise-t-elle.
En effet, grâce à l’e-commerce, un individu lambda peut passer la commande d’un article à partir de sa chambre et se le faire livrer dans les prochaines minutes. ’’Ne pas se servir de cette technologie, c’est prendre le risque de disparaitre, parce que l’e-commerce est en train de créer de nouvelles voies, de nouvelles façons de faire, et en créant ces nouvelles façons de faire, elle est en train de créer beaucoup plus de concurrents pour les entreprises. C-à-d, ceux qui ne seront pas souples dans l’évolution technologique, ils vont rester et prennent le risque de disparaitre!’’, prévient-elle.
Des travaux scientifiques qui proposent des solutions aux problèmes auxquels Goma et la RDC font face au quotidien sont légion dans les universités. Il est regrettable cependant que les autorités ne s’y réfèrent pas toujours, s’inquiète Aimé Butotima, vice-doyen chargé de l’enseignement à la faculté de sciences de l’information et de la communication à l’UNIGOM. ’’Si nous nous tournons vers d’autres cieux, les pays dits développés, ils les sont parce que les dirigeants, les politiques s’appuient sur les recherches. Mais ici chez nous, c’est l’inverse ! Nous voyons des décisions politiques qui tombent, on vient chercher maintenant des solutions en aval alors qu’en amont, vous devez partir de la recherche scientifique’’, fait observer le chef de travaux.
L’indifférence des autorités aux conclusions scientifiques ne va pas cependant décourager en particulier la faculté des sciences de l’information et de la communication de l’UNIGOM, forte de 8 ans d’expérience, prévient Aimé Butotima. Le CT lance un appel à tous les finalistes du secondaire à venir s’y inscrire massivement.
Frédéric Feruzi
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