Le monde a célébré le samedi 23 mai dernier, la journée internationale de la lutte contre la fistule. A Goma, l’UNFPA a organisé un café de presse à l’UNPC avec quelques vainqueurs de cette maladie.
Au moins 300 femmes ont été opérées de la fistule sur l’ensemble de la province du Nord-Kivu (est de la RDC) les trois derniers mois. C’est les statistiques révélées par l’équipe de cette organisation onusienne à l’occasion de la journée mondiale dédiée au combat contre la fistule obstétricale. Au monde, on dénombre plus de 100 mille femmes porteuses de cette maladie causée en générale par le travail prolongé avant l’accouchement et qui se manifeste par les écoulements d’urine en continue de façon involontaire et qui fait que la femme présente une odeur au tour d’elle.
Le docteur Gulam YNVUAMA, spécialiste et médecin directeur de l’hôpital général de Kyeshero a indiqué cependant que plusieurs femmes vivent dans la communauté avec cette maladie sans tenir compte de sa dangerosité.
« Plusieurs femmes se cachent dans la communauté avec cette maladie soit par ignorance soit par négligence. Elles viennent maintenant à l’hôpital quand la maladie est au stade où les urines coulent involontairement en continue », a fait observer le docteur.
Celui-ci a fait savoir qu’après la réparation obstétricale, l’hygiène de la femme est très importante et l’abstinence est de mise pendant 6 mois. La femme ayant subi cette intervention, a-t-il renchéri, est interdite de concevoir avant un an de l’intervention pour prévenir les nouvelles laissions.
« En faisant la réparation, nous visions comme objectif la fermeture de la fistule et assurer la continence pour stopper la coulée des urines à partir de l’urètre. Nous donnons une éducation sexuelle à la femme. On évite à la femme d’avoir des relations sexuelles avant six mois car cela peut recréer la fistule. Nous mettons les femmes sous contraceptifs pour éviter les grossesses avant un an. Une fois la grossesse arrivait, la femme est orientée vers une structure hospitalière capable de l’assurer une césarienne pour éviter les dégâts si elle essayait d’accoucher par voie base. »
Elles ont retrouvé leur dignité
Un échantillon représentatif des femmes ayant bénéficié des soins de la réparation de la fistule obstétricale, a témoigne avoir été de nouveau consideré par la communauté. Elles étaient stigmatisées même par leurs propres familles mais les soins leur ont redonné une considération.
« J’ai 40 ans et je suis mère de 13 ans. J’ai commencé à sentir les douleurs à la 7ème naissance. Je ne pouvais pas m’assoir parmi les autres femmes car je dégagé une odeur nauséabonde. Toutes les nuits, je faisais le petit besoin incessante », s’est rappelée l’une d’elle avant d’ajouter, « j’étais comme une rivière mais aujourd’hui je suis comme d’autres femmes » s’est-elle exprimé.
« Cette maladie m’a atteint et je ne l’ai pas su car j’accouchais des enfants de 5kg. Quand la maladie est arrivée, j’ai connu beaucoup de problème. A chaque fois que je me douchais, je sentais des douleurs vaginales. Je voyais la matrice sortir de l’extérieur et puis l’eau coulait sans cesse », s’est rappelé madame Mujinga Kalala SALIMA, veuve et mère de sept enfants.
« Après mon intervention chirurgicale, je suis accepté maintenant même par ma famille qui me voyait comme honte de la famille. J’exerce bien à mon restaurant grâce au petit fonds de réinsertion me doté par l’UNFPA. J’ai aussi ma chèvre », a-t-elle témoigné.
Le docteur a ainsi invité les partenaires du gouvernement congolais à assurer un accompagnement psychologique après les soins aux femmes. Cet accompagnement pourra faire que cette femme puisse se réinsérer dans la communauté.
Cette question demeure un casse-tête car la prise en charge de la réinsertion coûte en moyenne 600 usd par femme.
C’est pourquoi, le docteur Jean Paul Makaye, spécialiste à UNFPA a indiqué que cette ONG onusienne tient une campagne dite “campagne internationale pour l’élimination de la fistule” pour mobiliser le fonds à l’intérêt des structures sanitaires de prise en charge des malades de la fistule.
Gabriel Kashugushu