Une vraie guerre médiatique serait en train d’être engagée entre certains élus provinciaux du Nord-Kivu au sujet de la suspension ou non des opérations militaires en province en cette période où le pays fait face à la pandémie du COVID-19.
Dans sa correspondance du 06 avril dernier, le député provincial Prince Kihangi, élu du territoire de Walikale avait proposé au commandant de la 34è région militaire, de surseoir les opérations en cette période, pour limiter la propagation de cette pandémie à travers les mouvements des populations fuyant les affrontements, sauf en cas d’extrême nécessité.
En faisant cette demande, l’élu de Walikale a declaré que sa demarche s’inscrit dans le cadre de la mise en application des mesures arrêtées par le président de la République et relayées par les autorités provinciales du Nord-Kivu, mesures interdisant le regroupement de plus de 20 personnes.
Pour l’honorable Prince Kihangi, les opérations militaires contre les groupes armés en cette période risque de violer ces mesures, pourtant obligatoire,car elles vont obliger des localités entières à se vider de leurs habitants et les entasser dans un lieu avec tous les risques de propagation de ce virus.
Cette démarche a vite connu l’opposition de certains élus du Nord-Kivu. C’est le cas de l’honorable Jean Paul Ngahangondi, élu du territoire de Beni.
” C’est malheureux lorsque tout un député peut prendre la défense d’un groupe armé! Quel lien y a t-il entre le Covid-19 et les opérations militaires? Notre collègue doit revenir à la raison. Si chez lui à Walikale tout va bien, chez nous à Beni, la population souffre et a besoin de la paix. Laissons l’armée faire son travail,” a-t-il dit à nos confrères de visiondemidi.net.
La deuxième réaction est celle du député provincial Emile Saidi Balikwisha, un autre élu du territoire Beni.
Dans une correspondance adressée au commandant de la 34è région militaire, il estime qu’au regard de la situation de la pandémie du COVID-19, les facultés surchauffées, débordées et même alteréessousnle coup d’émotions et de tensions, font planer des propositions et orientations aux services de sécurité et à l’administration publique, pour tenter de contenir la situation.
Dans la même correspondance, n’ayant pas vu l’importance de surseoir les opérations militaires en cette période, il suggère la continuité de ces opérations dans la plus haute surveillance et vigilance.
En réaction à ces declarations, le député provincial Prince Kihangi a invité ses collègues députés à la relecture de sa correspondance pour bien comprendre le fond.
Dans un message partagé sur les reseaux sociaux ce lundi, 13 avril. L’honorable Prince Kihangi declare que :
” Ce n’est pas toujours parce qu’ils sont nombreux à se liguer contre vous qu’ils ont raison ou qu’ils réussisseront leur coup !
La vérité n’a pas besoin de masses pour se maintenir !
Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous affranchira, elle vous rendra libre.”
Peut on ici dire qu’on s’approche d’une guerre médiatique entre élus provinciaux?
” Wait and see,” disent les anglais.
Pour rappel, dans sa lettre du 06 avril dernier, l’élu de Walikale a réiteré son appel aux groupes armés à déposer volontairement les armes et se rendre aux autorités gouvernementales afin de participer à la reconstruction du pays, demande formulée également par le porte parole de la 34è région militaire à l’endroit de l’élu de Walikale, après la reception de cette correspondance par l’autorité militaire au Nord-Kivu.
La rédaction